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11/06/2011

Le pouvoir et l'autorité

Il est important de distinguer le pouvoir et l'autorité, car ces deux notions sont complémentaires. Ces notions sont fascinantes, car elles conditionnent grandement les relations entre les individus au sein d'une société ou d'une communauté d'individus. Le pouvoir sans l'autorité n'est que violence. Je vais montrer comment, en pratique, le pouvoir sans l'autorité, devient dans l'entreprise dans laquelle je travaille.

Le pouvoir est l'action qu'on peut exiger en contrepartie d'une récompense, ou sous forme de reconnaissance ou d'avantages. Le pouvoir c'est aussi la possibilité de sanctionner. Dans une entreprise, le plus souvent, les pénalité comme les récompenses sont financières. Le pouvoir c'est la possibilité de recompenser ou de punir, quelle que soit la cause qui le motive, indépendamment de toute justice ou sentiment.

L'autorité c'est la faculté de demander à quelqu'un un service, sans que celui qui l'effectue ne soit puni ou récompensé. Dans l'autorité il n'y a pas de menace ou d'intérêt. L'autorité sollicite le consentement, l'adhésion, le geste gratuit, la morale. L'autorité est donc juste et elle implique des sentiments. 

L'entreprise dans laquelle je travaille, change, le management aussi. Sous prétexte d'efficacité, d'adaptation, un nouveau discours est apparue, une nouvelle attitude managériale, une nouvelle culture est apparue. 

L'acivité syndicale que j'ai mené ces trois dernières années, m'a amené à côtoyer de près les chefs de centres qui se sont succédés dans l'établissement, j'ai écouté attentivement les discours servis à mes collègues facteurs comme moi.

Bien souvent, le discours de la direction est culpabilisant, humiliant ou rabaissant, déshumanisant. Jusqu'à il y a quelques années, l'attitude d'un chef de centre au niveau managériale était neutre, il se contentait de nous présenter les attentes de la direction départementale ou nationale, puis les syndicats prenaient la parole, argumentaient, sans que la direction ne répondent. En cas de grève, les chefs de centre attendaient que les facteurs arrêtent la grève, ou que la direction départementale cède aux revendications. Les chefs de centre ne disposaient ni du pouvoir qui appartenait à l'état, ni de l'autorité qui appartenait aux syndicats.

Aujourd'hui les choses ont bien changés. Le chef de centre a le pouvoir de sélectionner, de titulariser, de promouvoir les personnes de son choix. Il a acquis du pouvoir. La direction départementale et nationale aussi, c'est maintenant elle qui détermine les choix économiques de l'entreprise. IL y a eu un transfert important de pouvoir, des hommes politiques, aux cadres de l'entreprise. Mais le pouvoir ne leur suffisant pas, ces cadres cherchent à obtenir l'autorité.

Les chefs de centres prènent régulièrement la parole, nous demandant de nous réunir pour les écouter. Ils avancent des arguments pour informer, mais aussi pour convaincre du bien fondé des changements qu'ils souhaitent mettre en oeuvre. Avec face à eux des syndicats qui prononcent des discours délirants et irrésponsables, ils ont vite fait de prendre l'ascendant moral sur les facteurs. Ainsi, disposant tout à la fois du pouvoir et de l'autorité, j'ai vu des chefs faire et dire n'importe quoi. Devant ces exés, j'ai décidé il y a trois ans de réagir, de prendre la parole devant les collègues, tout comme le font les syndicats ou les chefs de centre.

Comme je tiens un discours réaliste et crédible, j'ai impressionné les collègues, mais surtout je leur ai donné confiance, je leur ai proposé des actions, dans lesquels ils pouvaient prendre leur responsabilité pour eux, au lieu de l'abandonner aux syndicats ou à la direction. Ainsi sans grève ni dysfonctionnement majeur, on a mené une action syndicale efficace. Les collègues ont refusé de faire des heures supplémentaires non rémunérées(refus de la double sécabilité), suite à la trahison de la direction et des syndicats, qui ont refusé d'un commun accord de mettre en place la négociation qu'ils avaient signé. J'ai donc redonné confiance et fièreté à mes collègues facteurs. 

C'était il y a un an. Depuis, trois chefs de centre se sont succédés, la direction départementale cherchant visiblement à reprendre le bureau en main. Les deux premiers tenaient habillement le discours culpabilisant pour les facteur, de la direction. Mais j'ai montré à mes collègues facteurs, toutes les failles, les manquements, les insuffisances et les mensonges qui accompagnaient ces discours.

Voyant cela, la direction a dépéché un troisième chef de centre, en multipliant par deux le nombre de ses collaborateur. De plus ce dernier a selectionné les collaborateur de son choix; ce qui ne s'était encore jamais produit dans l'établissement. Au lieu de mettre en oeuvre, l'accord que la direction avait elle même signée, et qui était moins coûteux financièrement; ils ont préférer la réponse autoritaire. Les quelques postes de facteurs remplaçants qui manquaient pour que les collègues puissent poser leur congé sans difficultés coûtaient moins chers que les cadres supplémentaires embauchés. L'égalisation des tournées, en prenant en compte le temps réel de travail effectué par les facteurs ne demandait aucun budget ni autorisation pour être mis en oeuvre, pourtant ça n'a pas non plus été mis en place.

Ce nouveaux chef, flanqués de plus de collaborateurs plus agressifs, communiquait mieux. Mais ce n'était toutefois pas suffisant. Alors que faire ? Moi de mon coté, j'avais réduit mes prétentions syndicales à une seule revendication qui ne coûtait pas d'argent(égalisation des quartiers par le temps de travail). Cette revendication était facile à satisfaire, elle pouvait être mise en place rapidement, gratuitement et avec efficacité. Je proposais en contrepartie ma coopération au chef de centre pour qu'il puisse faire la réorganisation qu'il souhaitait, avec suppression d'emploi. Mais il a refusé. Il avait décidé qu'il n'y avait rien à négocier, ni rien à changer dans son management. Pour ce faire il avait même l'accord des deux syndicats qui sont venus à ses réunions.

Mais comme j'étais toujours contre ses méthodes, je suis devenu encombrant pour lui. Je disposais d'une forme d'autorité par la confiance que j'inspirais à mes collègues, et le chef de centre refusait toutes mes demandes. Lorsque j'ai pris la parole publiquement pour parler des problèmes que posait sa façon de diriger la réorganisation qu'il préparait, j'ai été intérompu par trois collègues. L'un deux a tenu des propos et une attitude particulièrement hostile et menaçant à mon étgard. A la suite de leur intervention, le chef de centre vient me voir pour critiquer mon discours. Aucun des deux chefs de centres qui s'étaient succédé ne s'étaient permis de me faire une remarque. C'est un comportement qui visait à m'intimider. Les collègues qui m'on empéché de faire mon discours n'ont pas été sanctionnés, pourtant ils n'ont pas respecté le droit syndicale, la liberté syndicale, qui permet à un adhérant de se prononcer sur les problèmes syndicaux de l'entreprise. Non  seulement ces collègues n'ont pas été inquiété par le chef de centre, mais celui qui avait été le plus loin dans l'agressivité à mon égard a été récompensé d'une promotion. Le problème du chef de centre n'est pas comme il le prétend de faire une réorganisation pour améliorer l'efficacité de l'entreprise, puisque je lui proposais mon aide pour la faire plus facilement, mais un problème d'autorité : il ne souffre aucune contradiction de la part d'un facteur. Et s'il lui faut pour cela piétiner la loi sur la liberté syndicale, il n'a eu aucun scrupule à le faire.

Echaudé par cet échauffouré, je ne prends plus sur mon initiative la parole publiquement, mais je profite des réunions organisées par le chef de centrer pour continuer d'affirmer et d'affiner ma position. Le résultat n'a pas tardé, la direction départementale m'a supprimée une journée de salaire prétextant que j'avais fait grève alors que ce n'était pas le cas. Le chef d'équipe m'a laissé entendre que j'allais perdre une semaine de vacances. Pour les autres collègues de l'établissement à qui la direction ne leur a pas octroyé de vacances, ils créditent d'autant de jours un compte épargne temps, ce qui ne fait que remettre à plus tard leur congés. Mais pour ce qui me concerne il semblerait d'après le chef d'équipe qu'il y ait un problème technique pour basculer mes jours de congés qu'il refuse de m'accorder, sur le compte épargne temps. Le préjudice s'avère donc de 58 euros et de 6 jours de congés.

Moi j'appelle ce comportement, mensonger, intimidant, menaçant, tout à la fois de la direction départementale, du chef de centre et du chef d'équipe, de l'agression morale.

Comme je suis un peu fatigué de faire du syndicalisme sans ou contre les syndicats et que je vais être bientôt muté dans une autre ville, je m'en fiche un peu. Je crains que le harcèlement moral au bureau, dans les mois qui viennent, devienne une réalité banale.

17/04/2011

prostitution

La prostitution vient de nouveau au débat public, avec une proposition de loi, qui vise à criminaliser le client.

Criminaliser le client d'une prositituée a au moins le mérite de la cohérence. Sous réserve alors, de criminaliser la prostitution. Parce que considérer que seul le proxénète serait délinquant, est insupportable, puisque c'est le client, qui en proposant de l'argent pour faire l'amour avec (généralement)une femme, crée le marché. La demande crée l'offre, tout autant que l'offre crée la demande. Si donc, on veut lutter contre la prostitution, il convient de criminaliser le client, au même titre que la prostituée et le proxénète.

longtemps j'ai écouté ce discours larmoyant sur les prostituées, victimes de souteneurs violents et dominateurs, sans juger ni comprendre. Souvent je lisais des citations de Simone de Beauvoir sur son livre phare "Le deuxième sexe". Aussi, un jour, je me suis déterminé à réfléchir à cette question; j'ai lu "Le deuxième sexe", et je me suis rendu en Allemagne ou la prostitution est une activité comme une autre; les offres d'emploi de prostitué figurent régulièrement dans les offres d'emploi de l'agence nationale pour l'emploi allemande.

Lorsque je suis arrivé au chapitre qui concerne la prostitution dans le livre de Simone de Beauvoir, j'ai trouvé le discours consternant et d'une faiblesse dans l'argumentation qui m'a navré. Comment est-ce possible qu'avec si peu d'argument, si mal posés, que des lois de plus en plus durs contre la prostitution aient été voté en France. L'auteur décrit des femmes exploitées, démunies, désabusées, déçues, malmenées. Ne pouvait-on pas dire cela de tous les métiers; n'était-ce pas possible de trouver, dans tous les corps de métiers, des travailleurs, qui soient exploité, violentés, déçus ?

Le discours que je trouve le plus navrant pour lutter contre la prostitution, c'est que ce serait un asservissement de la femme. En quoi, la prostitution serait un asservissement, une humiliation de la femme ? Il me semble évident que c'est dans le cas d'une prostitution forcée. Car lorsqu'une femme décide de son propre chef de se prostituer, où se trouve l'asservissement ? Si cette femme est asservie, alors tous les travailleurs qui choisissent librement de travailler son asservis !

Les femmes prostituées sont présentées généralement en France, comme des victimes, systématiquement battues ou droguée. Que dire alors du discours des Allemandes, prostituées, qui cotisent à des syndicats, qui bénéficient de congés payés, de couverture sociales, d'assistance chômage, qui sont étudiantes ou mère de famille ? Que dire de ces femmes Allemandes qui déclarent préférer se prostituer que de faire le ménage, la caissière, voir des métiers plus prestigieux auxquelles elles sont capables de postuler ? Que dire de celles qui exhibent fièrement l'importance de leur salaire, voir la satisfaction qu'elle en retirent ou le plaisir qu'elles donnent ? Que dire de toutes ces femmes qui ne sont ni droguées, ni exploitées indûment, et qui travaillent comme prostituée ?

La science médicale nous a appris que le désir sexuel est proportionnel au taux de testostérone qui circule dans le corps de l'individu. Ce taux, est en moyenne, dix fois plus important chez l'homme que chez la femme. L'économie nous apprend que les revenus sont inégalements répartis entre les hommes et les femmes, au profit des hommes. Il y a une disymétrie forte entre l'homme et la femme à ces niveau. Simone de Beauvoir, lorsqu'elle a écrit son livre ignorait ces informations, les intellectuels, et les hommes politiques qui s'opposent à la prostitution aussi. Mais avec le temps qui passe, ça devient de plus en plus génant de rester crédible avec un discours aussi simpliste.

Une femme qui décide librement de se prostituer n'est pas un objet comme certains le disent, mais elle est bien un sujet. Ce sont les individus qui cherchent à interdir la prostitution qui prennent les prostituées pour des objets, en voulant décider à leur place, en voulant leur interdire leur métier.

Les prostituée en travaillant, ne font qu'une seule chose : du bien ! Et elle le disent elle même lorsqu'on leur laisse la parole. Mais en France, les gens "bien pensants" confisquent la parole de ceux qu'ils sont censés représenter. Ces gens bien pensant ne visent, ni l'intérêt des prostituées ni ceux de la société. Ils se contente d'entretenir dans la société, une culture du pessimisme et de la dévalorisation. Ils ne font qu'entretenir une méconnaissance de l'être humain.

16:11 Publié dans politique | Lien permanent | Commentaires (0)

01/04/2011

prime annuelle

Un matin, le chef de centre nous convoque pour nous parler de la prime annuelle.

Une moitié de la prime s'obtient en satisfaisant à des exigences définies au niveau national, l'autre moitié par des exigences locales. Pour la toucher (jusqu'à 400 euros), il faut réaliser entre -30% et -20% de réclamation par rapport à l'année précédante. Pour percevoir jusqu'à 300 euros il faut réaliser entre -20 et -10% de réclamation par rapport à l'année précédente. Si la baisse des réclamations n'atteint pas 10%, la prime est plafonnée à 200 euros. Ces objectifs de qualité sont des objectifs nationaux. A ceux-ci s'ajoutent des objectifs locaux.

Le nombre de réclamations du bureau, car c'est de cela qu'il s'agit, et non pas du nombre de réclamations par facteur, dépend d'abord de la qualité des facteurs remplaçants, de la façon dont ils sont selectionnés, formés et aidés. Mais on peut légitimement penser que certains facteurs titulaires et expériementés produisent plus de réclamations que d'autres. Pour le savoir, il faudrait avoir accès à ces données, et lever l'anonymat; mais le seul chiffre que nous donne le chef de centre c'est le nombre total de réclamations dont a fait l'objet le bureau. La direction ne nous donne pas ces chiffres; qui de plus poseraient des problèmes. Peut-on rendre public de telles données sans stigmatiser les facteurs concernés ? Est-ce légal ? C'est questions, ne sont pas abordées par le chef de centre.

Si de plus on veut faire vraiment baisser le nombre de réclamations, il faudrait que ces facteurs qui produisent plus de réclamations que les autres, reçoivent une formation pour s'améliorer. Le chef de centre n'évoque pas cette solution. Dans le cas où le facteur n'améliore pas sa qualité de travail malgré la formation, il faudrait lui proposer un reclassement dans l'entreprise pour un autre poste dans lequel il pourrait développer des compétences, ou lui donner les moyens de quitter l'entreprise dans de bonnes conditions. Ces questions ne sont pas évoquées par le chef de centre.

Pour toucher la prime complète il faut aussi atteindre des objectifs d'assiduité. Là aussi, des objectifs tout aussi irréaliables(-30% par an, sans aucun moyen, ni formation, ni reclassement). Et la aussi, aucun des moyens à mettre en oeuvre n'est évoqué par le chef de centre.

Cette réunion signifie le mépris de la direction nationale envers les facteurs, d'agiter sous leur nez des objectifs qu'ils n'attendront pas; et une prime qu'ils ne toucheront bientôt pas. Les facteurs devant cette situation peuvent penser deux choses; ou bien, ils en viennent à se dévaloriser, à croire qu'ils ne sont pas assez compétents ou performants, ou bien ils pensent que leurs chefs sont incompétents et manquent de performance. Dans les deux cas, chacun ne peut que cultiver le pessimisme, le ressentiment, l'amertume. Les cadres de la poste, entretiennent donc une culture mortifère et pessimiste. Aidés en cela par des syndicats irrésponsables, qui agressent autant les facteurs que la direction, sans amener des solutions porteuses d'avenir, de confiance, de respect, d'optimisme.

Objectifs locaux; le chef de centre insiste pour dire qu'il les a choisi pour qu'ils soient vérifiables, observables...et donc incontestables ! Sans toutefois dire en quoi consiste ses critère, ni nous donner un droit opposable en cas de désaccord sur son appréciation. Une fois de plus la réunion à laquelle je viens d'assister me montre le mépris de la direction pour moi, pour mes collègues facteurs.

Que disent les syndicats ? Ils disent que le sort des primes à la poste c'est de disparaître; ils disent que l'objectif de la poste c'est d'augmenter les profits. Ce n'est pas faux, mais ils n'expliquent pas la douleur que ça provoque pour les facteurs. Certains syndicats prennent position pour amener les facteurs à signer des négociations avec la direction. Des négociations qui n'en sont pas, puisque une fois l'accord signé, la direction ne respecte pas, bien souvent, les engagements qu'elle a pris pendant la négociation. Ou bien d'autres syndicats poussent les facteurs à se mettre en grève contre la direction; ce qui ne sert pas à grand chose, car la direction refuse la plupart du temps, de céder en cas de conflit.

Nouveaux management depuis une dizaine d'années, qui ne vise qu'une chose : l'autorité; tout en affichant comme un étendart un discours dans lequel elle serait à la recherche de performance économique. Les syndicats de leur côté n'accompagnent pas les facteurs dans leurs difficultés, mais essaient de les utiliser pour ou contre la direction, dans une espèce de guerre sociale. La direction comme les syndicats essaient d'utiliser les facteurs comme un moyen, jamais comme une fin. La déshumanisation est là.

Le syndicalisme, je le crois c'est reconstruire perpétuellement le lien qui se désagrège entre travailleurs. Si je devais mener une action syndicale sur le thème ci-dessus cité, je proposerais aux collègues de cotiser quelques euros pour envoyer un bouquet de fleurs au chef de centre, un pour le directeur départemental, et un pour le directeur national, puis d'y joindre un mot de chacun des collègues facteur. Le but étant de dire pourquoi chacun se sent mauvais professionnellement, ou bien pourquoi chacun perçoit la direction comme déficiente. C'est mettre des mots sur des maux. C'est un mouvement de réhumanisation.