06/02/2018
Les profs sont évalués !
Une fois de plus, je m'agace en écoutant à la radio l'interview d'un porte parole du gouvernement ou le ministre de l'éducation. Le sujet porte sur l'enseignement, et bien sûr son amélioration. Cette amélioration portait sur la récompense au mérite. En récompensant les enseignants les plus méritants, il y aurait une amélioration des résultats du système d'enseignement; voilà le discours du politique. C'est un discours que j'ai entendu des dizaines de fois et ça m'exaspère d'entendre une telle bêtise une fois de plus. Mais ce qui m'a agacé encore plus c'est la réponse du journaliste qui mettait en doute la réalité de l'inspection des enseignants. La confrontation de ces deux discours m'a navré au plus haut point par leur faiblesse; le monde politique et médiatique serait il déprimé et absent à ce point qu'il est incapable de la moindre vision de l'avenir, de l'existence des gens, du besoin de reconnaissance qu'ils attendent ?
Tout d'abord je dois dire que je ne suis pas enseignant mais je l'ai été de façon brève. Un enseignant pour bien faire son travail a besoin de la coopération des élèves. Or, les élèves ne participent à aucun moment à l'évaluation de leur enseignant. Pour bien faire son travail, un enseignant a besoin de la coopération des parents d'élève. Or les parents d'élèves ne sont pas autorisés à évaluer les enseignants de leurs enfants. Pour bien faire son travail un enseignant a besoin de la coopération de ses collègues enseignants, de la direction de l'établissement, des employés de toute sorte qui travaillent dans l'établissement. Or les collègues et autres employés de l'établissement ne sont pas conviés à donner leur avis sur la qualité de travail de l'enseignant. Pour bien faire son travail un enseignant a besoin de la coopération de la société, dont les représentants les plus évidents : élus locaux, représentants d'élèves et de parents d'élèves, associations culturelles locales ne sont pas conviés à évaluer l'enseignant.
Les enseignants pourraient être évalués par l'inspecteur d'académie tous les mois au lieu de tous les 5 ou 10 ans comme c'est le cas actuellement que ça ne changerait rien à l'évaluation des enseignants. Et je pourrais continuer de dire que décidément, les enseignants ne sont pas évalués, ne l'ont pas été et ne le seront malheureusement pas.
Je comprends que l'administration a des comptes à rendre aux citoyens, et non pas à l'état et uniquement à l'état comme c'est le cas actuellement. Je regrette profondément que cette conviction en fasse même pas l'objet d'un débat; ni même d'une seule question, dans le monde politique ni dans le monde médiatique.
La France est un pays qui ne sait pas avancer sans ses écrivains, sans ses philosophes, sociologues, et historiens. Alors je leur demande, de bien vouloir écrire sur la confrontation des évaluations, des valeurs de l'individu et de la société que chaque type d'évaluation porte en elle, de la violence morale d'une évaluation qui ne demande pas l'accord de ceux qui sont concernés au quotidien par les conséquences de cette évaluation. Et peut-être ainsi, pourrait-on avoir un jour, un débat social et politique, vraiment profitable, sur l'évaluation des enseignants, mais aussi sur l'évaluation des autres fonctionnaires.
10:24 Publié dans philosophie, politique | Lien permanent | Commentaires (0)