26/08/2019
Steve Caniço : malheureux et frustrés.
La dernière affaire en date beaucoup discutée sur les médias, concerne la mort d'un homme qui participait à la fête de la musique, Steve Caniço. Cet homme est mort suite à l'intervention des forces de police dans une boîte de nuit nantaise; elle a ému toute la France. Cette homme n'a commis aucune violence, aucune faute, il était juste venu se divertir, partager un moment de joie et de plaisir avec des amis.
L'enquête administrative a conclu sans surprise que les forces de police n'ont fait aucune faute : les fonctionnaires chargés de l'évaluation et les politiciens au pouvoir en ont fait un exercice d'auto-justification et d'innocence, dont on a la malheureuse habitude en France. Fort heureusement, ce discours irresponsable et mensonger des autorités politiques et administratives a provoqué des débats dans les médias. On peut légitimement se féliciter du travail des journalistes sur le sujet. On peut aussi se consoler par la mobilisation de soutien par la population, que sa fin tragique a suscitée. Cet événement doublement tragique, qui à une faute concrète de l'état (la mort d'un homme), se rajoute une faute morale(son auto-absolution), prive chaque français de son existence politique. Chaque français se sent concerné, car on lui rappelle ainsi, qu'il peut être (sans avec commis aucune faute) tué par l'état, sans que ce même état soit inquiété ou jugé d'une quelconque façon. Ce comportement, moralement pervers de l'état est habituel. Chaque français sait que l'état français récidivera. On a tous à l'ésprit l'innocence administrative et politique choquante de François de Rugy, de Benalla. Les morts par les algues vertes en Bretagne, dont les enquêtes administratives n'aboutissent pas malgré les témoignages accablants, montrent un état qui se désintéresse des français, un état qui méprise ses citoyens. Ce n'est qu'une petite partie de toutes les affaires, j'aime à citer le nuage de Tchernobyl, qui a survolé tous les pays du monde voila maintenant plus de trente ans. Ce nuage, au dire des autorités administratives et politiques françaises n'a toujours pas survolé la France. Les nombreux cancers qui en ont résultés, du fait de ce mensonge d'état, n'ont rencontré aucune reconnaissance officielle, n'ont bénéficié de la protection d'aucune justice. L'état français, ses élus de tous bords, n'ont cessé de s'innocenter de cette faute. Ce légal washing; qui consiste pour les fonctionnaires haut placés français et les politiciens au gouvernement, à mentir comme des arracheurs de dents pour innocenter le gouvernement et l'état, ce légal washing qui consiste à nommer des commission d'enquête ou d'experts qui n'ont pour seule compétence que d'être amis ,complaisants ou serviles vis à vis de l'administration et du gouvernement français est une activité ancienne en France. C'est une activité qui ne connaît aucune frontière idéologique. Tous les partis politiques français, toutes les administrations françaises, pratiquent ce mode de domination et d'agression morale sur les français. C'est une forme d'abus de pouvoir moral, on partage ce mode de gouvernance avec de nombreux pays autoritaires comme la Russie, la Turquie ou la Chine, ainsi que de nombreux pays sous-développés. Il en résulte, tout comme dans ces pays, une méfiance, et une forte tension entre les citoyens et l'état, et ce traduit par de nombreuses incivilités et désobéissances. On a tous en tête le saccage des permanences des députés de la majorité. Faute pour les citoyens d'avoir accès au pouvoir, ils en sont réduits à des actes de vandalisme pour affirmer leur existence et leurs sensibilité.
Il est un fait que aucun des élus que j'ai pu entendre sur les médias n'a fait un quelconque discours sur l'intérêt de voter des lois sur la transparence des décisions, sur l'accès aux informations administratives par les citoyens. Aucun parti politique n'a déclaré la nécessité d'une loi ou d'un programme pour changer ces mauvaises habitudes. Aucun élu ou parti politique n'a déclaré la nécessité de débats, de lois, de programme qui permettrait de mettre fin à la méfiance à la rancune des français envers leur élite qui découle inéluctablement de ce mode de gestion de l'autorité. Chaque élu que j'ai entendu, s'est exprimé pour dire qu'il ne sera jamais comme ça, et donc qu'il est inutile de voter une loi, qu'il suffit de voter pour le bon parti. Des habitudes politiques et administratives qui humilient les français dans leur pays, qui les ridiculisent à l'étranger. Ce comportement des élites politiques et administratives contre les français, est mortifère : ils amènent les français à la colère, au désespoir, au pessimisme, à l'incivisme. Colère de subir l'injustice de cette élite qui agresse les citoyens. Colère des citoyens, de supporter une élite qui ne les reconnaît pas, qui ne leur donne pas une place, qui les méprise. Désespoir d'une absence totale de réaction institutionnelle : aucun parti politique, aucune élite administrative ne prend l'initiative de dénoncer ce mode d'action. Pessimisme, puisque les décisions politiques et administrative d'une bonne gestion ne sont pas prises. Incivisme puisque devant cet abus de pouvoir les citoyens adoptent un comportement miroir : non respect de leurs élites, des lois, des fonctionnaires, des élus. Le saccage des permanences des députés n'est pas anodin, il ne découle pas d'une quelconque folie, ou d'un quelconque excès d'un peuple violent ou idiot, mais d'une colère mimétique. Les débats médiatiques sur la violence dont les élus locaux font l'objet après la mort d'un Maire pendant l'exercice de ses fonction en est une autre illustration.
Cette méthode je l'appelle : légal washing. Ce mode de gestion repose sur deux principes : l'agressivité morale des élites sur les citoyens, la confiscation du pouvoir de décision politique par l'élite. Cette pensée perverse, qui se voudrait une singularité française pose que la violence morale de l'élite serait bonne et nécessaire. Cette pensée politique mortifère, triste et inefficace voudrait faire croire qu'elle est porteuse d'une vitalité, d'une volonté, d'une efficacité et d'une singularité. Suivant cette pensée, l'abus de position de l'élite sur le citoyen mettrait un peuple fainéant, désordonné, indécis, dans de bonnes dispositions pour occuper sa place subalterne, obéissante à une élite surdouée, seule capable de pacifier un peuple porté à la division ou à l'oisiveté. Cette élite, qui seule serait capable d'insuffler à ce peuple trop modeste(on se souvient des"sans dents" de François Hollandes, des "ratés" qui n'ont pas de Rolex à 50 ans d'un conseiller de Sarkosy ou des "ratés" de Bernard Tapis), une ambition digne d'une France brillante, une France qui serait un modèle pour le monde entier. La deuxième valeur, c'est la confiscation du pouvoir. Confisquer le pouvoir, c'est cacher les documents, empêcher les citoyens d'accéder aux informations administratives et politiques. En n'étant pas institutionnellement placés pour accéder à ces informations, les citoyens ne peuvent pas se faire une opinion précise, sûre, de l'action des politiciens et fonctionnaires français. Comment par exemple juger de la responsabilité des élites politiques et administratives françaises sur le génocide au Rwanda, si les archives administratives et politiques sont verrouillées, comment juger du nombre de cancers dus à l'amiante.
Le citoyen ordinaire français devient ainsi dans ce langage la "vraie France" comme parfois certains élus aiment le dire pour parler des français, comme on jette une aumône à un pauvre. Parfois les français ont droit à une autre forme de pitié de la part de l'élite : on se souvient de "la France d'en Bas" de Sarkosy ou de Chirac. Ainsi le citoyen français, privé institutionnellement de son intelligence, est-il sommé de jouer les figurants chagrins de cette mauvaise farce. Chaque modeste français se doit de ressembler ou d'admirer les premiers de cordées, élus inspirés et autres start-uppers géniaux.
Cette légende, ce mythe, porté par tous les partis politiques et administrations françaises m'agace profondément. C'est la participation active, lucide, désintéressée, qui fait une société efficace, réconciliée avec elle-même, heureuse. Cette France des élites, arriviste, méprisante, égoïste, c'est celle qui fabrique une France malheureuse, crispée, pessimiste. Cette France d' ''en haut", ne manquera pas toutefois de rappeler lors des prochaines élections que le pouvoir appartient aux citoyens ordinaires. C'est une flatterie bien basse qui ne trompe personne, mais qui laisse croire à chacun qu'il a un pouvoir de décision important. Ce discours qui laisse croire à chacun qu'il possède le pouvoir alors que la réalité c'est une élite qui n'en fait qu'à sa tête, ça s'appelle du populisme. Ce populisme que tous les partis politiques français et les administrations françaises pratiquent depuis longtemps et continueront de pratiquer n'est pas dangereux; il est juste agaçant et déprimant; il est celui qui nous fait perdre, qui nous rend malheureux et frustrés.
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06/02/2018
Les profs sont évalués !
Une fois de plus, je m'agace en écoutant à la radio l'interview d'un porte parole du gouvernement ou le ministre de l'éducation. Le sujet porte sur l'enseignement, et bien sûr son amélioration. Cette amélioration portait sur la récompense au mérite. En récompensant les enseignants les plus méritants, il y aurait une amélioration des résultats du système d'enseignement; voilà le discours du politique. C'est un discours que j'ai entendu des dizaines de fois et ça m'exaspère d'entendre une telle bêtise une fois de plus. Mais ce qui m'a agacé encore plus c'est la réponse du journaliste qui mettait en doute la réalité de l'inspection des enseignants. La confrontation de ces deux discours m'a navré au plus haut point par leur faiblesse; le monde politique et médiatique serait il déprimé et absent à ce point qu'il est incapable de la moindre vision de l'avenir, de l'existence des gens, du besoin de reconnaissance qu'ils attendent ?
Tout d'abord je dois dire que je ne suis pas enseignant mais je l'ai été de façon brève. Un enseignant pour bien faire son travail a besoin de la coopération des élèves. Or, les élèves ne participent à aucun moment à l'évaluation de leur enseignant. Pour bien faire son travail, un enseignant a besoin de la coopération des parents d'élève. Or les parents d'élèves ne sont pas autorisés à évaluer les enseignants de leurs enfants. Pour bien faire son travail un enseignant a besoin de la coopération de ses collègues enseignants, de la direction de l'établissement, des employés de toute sorte qui travaillent dans l'établissement. Or les collègues et autres employés de l'établissement ne sont pas conviés à donner leur avis sur la qualité de travail de l'enseignant. Pour bien faire son travail un enseignant a besoin de la coopération de la société, dont les représentants les plus évidents : élus locaux, représentants d'élèves et de parents d'élèves, associations culturelles locales ne sont pas conviés à évaluer l'enseignant.
Les enseignants pourraient être évalués par l'inspecteur d'académie tous les mois au lieu de tous les 5 ou 10 ans comme c'est le cas actuellement que ça ne changerait rien à l'évaluation des enseignants. Et je pourrais continuer de dire que décidément, les enseignants ne sont pas évalués, ne l'ont pas été et ne le seront malheureusement pas.
Je comprends que l'administration a des comptes à rendre aux citoyens, et non pas à l'état et uniquement à l'état comme c'est le cas actuellement. Je regrette profondément que cette conviction en fasse même pas l'objet d'un débat; ni même d'une seule question, dans le monde politique ni dans le monde médiatique.
La France est un pays qui ne sait pas avancer sans ses écrivains, sans ses philosophes, sociologues, et historiens. Alors je leur demande, de bien vouloir écrire sur la confrontation des évaluations, des valeurs de l'individu et de la société que chaque type d'évaluation porte en elle, de la violence morale d'une évaluation qui ne demande pas l'accord de ceux qui sont concernés au quotidien par les conséquences de cette évaluation. Et peut-être ainsi, pourrait-on avoir un jour, un débat social et politique, vraiment profitable, sur l'évaluation des enseignants, mais aussi sur l'évaluation des autres fonctionnaires.
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15/09/2016
Mon programme pour la présidence
Ce matin, j'écoute la radio. C'est l'élection présidentielle qui occupe les journalistes. Le sujet plus précisément concerne le rapport au mensonge des candidats à la présidence. Bien sûr, ils mentent tous, et le journaliste apporte les preuves audio de leurs mensonge.
J'aime ce travail d'enquête que ces journalistes mènent, en fouillant dans les archives, ils trouvent des propos complètements contradictoires des candidats. Les journalistes décryptent par le détails, tous les artifices de langage des candidats pour ne pas répondre aux questions des journalistes... Sauf, qu'il n'y a aucun discours sur les incohérences et les mensonges des électeurs et aussi des journalistes. Alors je m'agace, alors même que le travail des journalistes était précis, intéressant, amusant, instructif. Je décide donc de poster un article, alors que ça fait un an que je n'ai plus rien écrit.
Je m'agace de cette énième remarque sur le mensonge des politiciens, parce que l'état d'esprit du dialogue n'existe pas dans ce pays, et que je le regrette. L'état d'esprit qui me désole, c'est l'état d'esprit religieux des journalistes, des politiciens et des français lors des élections. Oui, j'ai bien dit religieux. Dans la culture politique française, l'action est rédemptrice. IL faut agir. Quelle que soit la situation, il semble qu'il soit impossible d'envisager de ne rien dire, ou de ne rien faire; car ce serait nécessairement une faute. Pourtant dans bien des cas, ne rien dire ou ne rien faire, n'est ni une lâcheté, ni un défaut de responsabilité. Donc les questions des journalistes aux candidats portent systématiquement sur le programme des candidats. C'est à dire, que les questions consistent à faire dire aux candidats ce qu'ils feront une fois élu.
Mais dire ce que l'on va faire pour améliorer la situation c'est faire naître un espoir. Un espoir d'une vie meilleur. Finalement les discours des candidats comme des journaliste consiste à faire naître de l'espoir. Je ne vois dans toute cette gymnastique verbale que de l'innocence, en agissant, et de l'espoir d'un changement. Or les individus qui sont spécialiste de ce travail, ce sont les hommes d'église. Ils viennent proposer aux croyants, une action rédemptrice et un espoir d'avenir. Le discours des journalistes comme des hommes politiques, en parlant de leurs actions futur n'est finalement qu'un acte religieux.
On ne doit pas réduire la politique à l'action, à des promesses et à de l'espoir. La politique c'est discuter et proposer des idées, des pensées, des positions qui peuvent être ou non des valeurs communes. Je ne crois pas que c'est aux candidats à l'élection présidentielle d'agir, mais aux français.
La valeur que je proposerais, c'est un égal respect pour tous. Ce qui au niveau des élections doit se traduire par le vote directe de lois. Et pour le coup, j'écris à mon tour un programme présidentiel, sous forme d'une action. Je propose que les français votent une fois par ans, pour au contre une dizaine de lois. Trois d'intérêt local, trois d'intérêt régional, trois d'intérêt national. Il ne s'agirait pas de référendum décidé par un président. Non, les lois doivent être écrites par des citoyens les plus impliqués et passionnés par la politique, qu'ils soient ou non politiciens. Les propositions qui rallieraient le plus de signatures parmi les citoyens, seraient proposées au vote par les français. Ainsi une fois par an on ne se déplacerait pas pour rien, mais pour des lois précises, qui soulèvent le plus d'intérêt parmi les citoyens. Pour chaque citoyen c'est l'assurance pour l'avenir que les lois les plus importantes lui seront proposées pour le vote et qu'ainsi le pouvoir ne lui échappe pas. Pour chaque élu, c'est une épée de Damoclès pointée sur chacune des lois qu'il vote, et pour laquelle il devra se demander si cette loi intéresse ou non les français et si elle serait ou non voté par les français. Ainsi ce serait un nouveau contrat entre les citoyens et les élus; dans lequel il pourrait y avoir confiance, respect et reconnaissance mutuelle. Les français pourrait ainsi vivre en paix avec leurs concitoyens. Ils n'auraient plus besoin, ni d'action rédemptrice de la part de leurs élus, ni d'espoir venant de leurs élus.
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