27/11/2012
recyclage
Je me rends à un stage pour recycler des meubles. Ce stage est organisé par le service de recyclage des déchets de la communauté d'agglomération de commune dans laquelle je vis . Nous sommes six stagiaires. Pour une durée d'une matinée, nous apprenons à repeindre des petits objets en faisant des patines. Il y a une formatrice, qui nous fournit le matériel, et nous explique comment procéder, il y a deux employées du syndicat de retraitement des déchets, l'une qui est là toute la matinée, l'autre qui ne vient qu'une petite heure. Moi je suis venu par curiosité, étant donné le métier de brocanteur que j'exerce depuis presque un an, je suis amené à réparer, relooker de nombreux meubles; j'estime avoir encore beaucoup de chose à apprendre, même si je ne me fais pas trop d'illusions sur ce que je vais apprendre en arrivant le matin à ce stage.
Mon expérience de brocanteur m'a amené dans les décharges, car j'y jette pas mal de vieux meubles que je n'arrive pas à réparer ou à vendre, et toute sorte de déchets de bricolage. J'ai bien sûr demandé à la déchèterie où je vais si je pouvais récuperer des meubles, ou s'ils pouvaient me mettre de côté les objets qui pourraient m'intéresser. Les employés m'ont répondu qu'ils n'étaient pas autoriser à faire ça par le réglement du syndicat. A ma connaissance, il en est de même dans les autres décharges. Nous voilà, nous, brocanteur, dans une situation bien embarrassante, puisqu'on ne peut récupérer des objets dont on pourrait faire commerce, qu'on pourrait réparer.
Le discours que j'écoute de la part de l'employée est édifiant. Elle invoque l'union européenne qui aurait déclaré l'année ou la semaine du recyclage, puis insiste sur l'importance de diminuer les déchets. Je trouve ce discours symptomatique d'une mentalité française passéïste. Le bien(recyclage) vient d'en haut(union européenne); alors qu'il était simple de dire que chacun aujourd'hui est concerné, le bien vient des gens(la France d'en bas). Ce stage est là pour nous aider à recycler, ajoute elle, et à cet effet, on va apprendre à faire une patine. Bon, mon expérience de brocanteur m'a amené à constater que bien souvent les meubles sont jetés parce que les gens déménagent, ou se débarassent d'un meuble parce qu'ils en ont achetés d'autres qui leur conviennent mieux, ou bien parce qu'ils sont cassés. L'employée du syndicat de traitement des déchets qui veut nous dire l'importance du recyclage ne nous dit rien sur la récupération de ces meubles une fois qu'ils sont jetés; ni sur la réparation lorsqu'ils sont cassés. Pourtant, il me semble que c'est bien là, qu'il serait intéressant de faire quelque chose. Je prends donc la parole et l'intéroge sur le fait que les employés de la décharge refusent de me mettre de côté des meubles que je pourrais rénover. Visiblement prise de court, et pas intéressée par ma question, elle me répond que ce n'est pas possible parce que c'est un réglement international.
Lorsque la deuxième employée du syndicat de retraitement vient pour voir si tout se passe bien; je l'intérroge à son tour, en lui demandant des explication sur le refus des employés du syndicat de sélectionner les objets qui pourraient avoir une valeur commerciale, et éviter leur destruction prématurée. Elle a l'air un peu préparée, et me fait une réponse plus détaillée. Elle me déclare que jusqu'à présent, la totalité du bois, y compris les meubles en bon usage étaient traitée par Véolia, qui sous-traitait le recyclage du bois à une entreprise locale de transformation de bois. Comme cette entreprise venait de faire faillite, Véolia était réticente à prendre les déchets de bois, et donc le syndicat envisageait de travailler avec Emmaüs, pour recycler certain objets.
J'ai retrouvé dans son discours tous les travers de l'économie française. Au lieu de travailler avec des brocanteurs du coin, des dépôts ventes locaux; et ainsi les faires travailler en recyclant plus de déchets, et en maintenant un maximum d'emplois sur place; le syndicat de retraitement des déchets préfère s'adresser à de grande entreprises et associations nationales(Véolia et Emmaüs). Ce qui crée moins d'emplois, et qui crée plus de déchets. Je retrouve ce défaut bien français de faire travailler de grandes entreprises et de nier les petites. Il est bien possible que l'entreprise qui localement recyclait les déchets de bois n'aurait pas fait faillite si le syndicat avait travaillé directement avec elle, au lieu de passer par une multinationale français, qui c'est bien connu, écrasent leur sous-traitant et perdent des emplois, avec moins d'efficacité dans l'action.
Cette employée m'explique que ce n'est pas possible de travailler comme je le propose car ça demanderait de la place, et que les décharges n'en n'on pas. C'est un propos absurde pour ce qui concerne la décharge où je vais, car outre qu'il y a un peu de place disponible, elle est située suffisamment à l'écart de la ville pour pouvoir être agrandi, car les terrains environnants ne sont pas construits. C'est aussi un propos incomplet, car quand on entreprend un projet industriel, on doit toujours se poser la question du retour sur investissement, ce qu'elle n'a pas fait.
Finalement, pour améliorer le recyclage, le syndicat a dépensé de l'argent pour organiser ce stage(trois encadrant pour six stagiaire !); mais n'a pas pris les décisions qui auraient permis d'économiser de l'argent, de créer des implois, et qui aurait diminué les déchets. On ne peut pas accuser seulement le gouvernement pour dire que l'économie va mal en France, on ne peut pas accuser tel ou tel parti politique, car le syndicat de retraitement des déchets regroupe des dizaine de commune, qu'il représente les principales sensibilités politiques et qu'il est souverain dans ses décisions. Ce discours et ces choix du syndicat n'ont suscités aucune réaction des stagiaires présents. Maintenant je peux conclure, en disant que si la France va mal : c'est parce que les élus locaux le veulent bien !
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