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  • P.P.F.: Paysage politique français.

    La constitution qui organise notre système électoral, est inspirée de la république de Weimar. Celle-là même, qui a favorisé l'accession des nazis au pouvoir en Allemagne. Au delà des différents partis qui disposent d'élus à l'assemblée, elle produit un corps électoral séparé en deux camps adverses. Elle crée les conditions d'une confrontation entre deux adversaires, et pousse à les transformer en ennemis. C'est ainsi qu'on aboutit à un choix manichéen: être de gauche ou de droite; être bon ou méchant; être pour ou contre. On est sommé en permanence, de choisir un camp, de mener un combat électoral avec pour unique but, de le gagner quoi qu'il en coûte. Le simple fait d'être au sommet et de prendre les décisions au nom de tous, quels que soient les décisions prises, devient le critère de réussite qui évalue l'exerce de la vie politique. 

    Dans mon enfance, quand on parlait d'extrême gauche ou d'extrême droite, il s'agissait de partis qui faisaient, tout parti additionné, 1% des résultats aux élections. Ils avaient comme point commun, celui de refuser le suffrage universel. A droite, par ce que l'idée était celle d'un homme obéissant à un pouvoir vertical, et une violence institutionnelle et individuelle légitime. Pour l'extrême gauche, les élections leurs apparaissaient comme factices et truquées, car on ne peut penser que par sa classe sociale. L'obéissance et l'ordre étaient vue comme un défaut, une habitude, dont il convenait de se libérer, de changer.

    Aujourd'hui être d'extrême gauche ou droite, c'est reconnaître le vote universel comme incontournable, sans se faire d'illusion sur l'efficacité du système.

    Quand j'étais enfant, être de droite ou de gauche, c'était avoir des idées bien arrêtées sur l'économie ou sur l'être humain, tout en reconnaissant le suffrage universel et le respect de l'opinion d'autrui, comme une marque d'accès à une civilisation avancée. On n'hésitait pas à sacrifier du temps ou des efforts pour vivre ou partager ses convictions. On était optimistes et fiers de son pays.

    Aujourd'hui, être de droite ou de gauche, veut dire qu'on a plus aucune idée ni croyance, et on y consacre ni temps, ni effort. C'est faire partie de la minorité des votants, pendant que la majorité des citoyens, elle, ne vote plus. C'est porter un regard triste, désabusé et pessimiste sur la classe politique et sur la société. 

    Cette radicalité supposée des extrêmes, est un discours médiatique qui repose sur une société désenchantée. L'exhibition grotesque de l'histoire, de l'économie, de la sécurité ou de l'immigration, est là pour masquer l'absence d'espoir, de conviction, de repères. La déception des grandes idéologies règne. Le relativisme imbibe toute la société. Tout au plus on vilipende, ou on insulte l'adversaire. On traite l'autre de wokiste d'un côté, de populiste de l'autre. Le verbiage politique devient de plus en plus extrême et agressif, tout en se vidant de signification. Le débat politique se transforme en cohue bruyante, tour à tour ridicule, ennuyeuse ou inquiétante.

    En terme d'économie, être de droite aujourd'hui, c'est refuser de lever des impôts, et donc, c'est présenter par principe, un budget en déficit. Alors que être de gauche, c'est proposer une générosité financière envers chacun, dont l'état n'a pas les moyens. C'est donc par principe, présenter un budget en déficit.

    Endetter un pays, c'est  diminuer les possibilités d'action à venir d'une nation, et c'est la rendre dépendante des marchés financiers. La première des souveraineté c'est l'indépendance financière, et la première force dont dispose une nation, c'est sa finance. Ainsi la droite dont chacun des protagonistes proclame être plus souverainiste et patriote que son voisin, ne fait qu'affaiblir notre pays et l'assujettir aux puissances financières et étrangères. 

    Endetter un pays, c'est aussi hypothéquer l'avenir de ses enfants, et leur faire subir demain; la prodigalité et la démagogie des élus d'aujourd'hui. S'endetter, c'est soumettre une nation à la tentation d'un pouvoir politique fort, capable, au moins dans les mots, de balayer cet horizon inquiétant. Et c'est ainsi, que la gauche endette notre pays, tout en prétendant préparer l'avenir pour leurs enfants et lutter contre le populisme. 

    Vis à vis de la probité, être de droite aujourd'hui, c'est être complaisant avec la criminalité et la gabegie des élites politiques et économiques de notre pays, tout en désignant les pauvres et les immigrés comme les responsables expiatoires de tous les maux de la société. Ainsi le jeu politique consiste, pour les élus, à échapper toujours plus à la justice, tout en condamnant à des peines toujours plus sévères les plus faibles et les plus fragiles d'entre les citoyens. 

    Être de gauche, c'est s'en fiche pas mal de la probité de chacun, qu'il soit en haut ou en bas de l'échelle: vive l'égalité ! Ainsi la tentation de gauche, c'est de ne pas condamner un délinquant parce qu'il est de condition défavorisée ou immigré, mais pas non plus s'il est élu ou privilégié. Ainsi la justice n'est tout au plus utile, que pour les classes moyennes. Parfois on se demande même si elle sert à quelque chose.

    Aujourd'hui, être d'extrême gauche ou droite, en matière de probité, c'est être démagogue. Tant qu'on ne fait pas parti des élites, on réclame la justice, et puis une fois élu, et les magouilles entre amis consommées, on crie au complot si d'aventure la justice devait opérer. Ainsi chacun peut constater la connivence entre ces deux supposées extrêmes, à travers les prises de paroles identiques de leurs leaders respectifs, lorsqu'ils sont inculpé(e)s. Et là, ils se mettent à parler de la "tyrannie des juges", pour désigner les fonctionnaires qui font leur travail pour réconcilier la société avec elle même, en rappelant que la loi doit s'appliquer à tous.

     

    Face à ce spectacle aussi grotesque que navrant, la société est séparée en trois. Ceux, de plus en plus nombreux qui s'en désintéressent complètement. D'autre part, ceux qui sont encore indignés, mais souvent dégoûtés ou tristes. Et enfin ceux qui sont complaisants et amusés. Les débats politiques sont transformés en spectacles vides de sens, mais riches en émotions et rebondissements personnels.

    Au niveau des pratiques, c'est le manuel du parfait petit sophiste qui est utilisé systématiquement. Ainsi, on n'énonce un discours que pour les effets électoraux qu'il produit, sans se soucier  de savoir s'il est bon ou toxique pour la société. Le profil idéal, de l'élu devient celui de l'arriviste. Prêt à tout, et sans scrupules, qui peut se mouvoir dans les pires contradictions, mensonges, gabegies, sans état d'âme.

    Au niveau démocratique et participatif, la France faisait partie, dans mon enfance, des rares pays démocratiques, une vingtaine tout au plus. Pendant que l'Europe de l'est vivait la dictature communiste, l'Europe du sud à part l'Italie, avait droit à des dictature militaires ou communistes; ainsi que toute l'Amérique du sud et centrale. L'Asie et l'Afrique n'étaient pas tellement mieux lotie. Ainsi nous étions fier de notre avance dans ce domaine.

    Depuis, la démocratie a progressé partout dans le monde, sauf en France et dans quelques rares pays.  Chaque parti, quelque soit son camp, s'appliquant toujours plus, pour que la France stagne ou régresse dans ce domaine essentiel.

    La transparence des institutions et des administrations, n'était pas le point fort de la France, et elle n'a pas évolué. Alors que presque partout dans le monde elle a progressé. Et là aussi, il y a une belle unanimité des partis politiques français, qui ne réclament la transparence que tant qu'ils ne sont pas au gouvernement, puis se dépêchent d'oublier cette priorité lorsqu'ils y sont.   

     Il est facile de comprendre que les pays scandinaves qui ont une exigence de transparence élevée, et la Suisse, une pratique forte de démocratie directe, hésitent quant à leurs appartenance à l'union européenne. Des pays pourtant géographiquement, économiquement, historiquement et culturellement au cœur de l'Europe.