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  • Taxe Zuckman

    Les impôts sur le patrimoine, le revenu et sur l'héritage sont un des serpents de mer de l'actualité politique. Ils existent dans leur forme redistributive depuis une centaine d'année. Ils se sont développés partout dans le monde. La qualité et la prospérité d'une société s'expriment dans la force des liens qui unissent les citoyens entre eux, tout autant que dans la réussite de quelques uns. Notre société pose l'homme qui réussit, comme l'homme qui est plus, et qui a plus que les autres. Mais dans ce rêve de devenir le meilleur, beaucoup expérimentent échecs, rancunes et déceptions. Ces trois impôts ont une même fonction: éviter les divisions dans la société que crée la compétition entre chacun.

    Or, ces impôts sont impopulaires. Ils semblent pour certains injustes ou inacceptable. Comment en effet, accepter qu'on me retire de l'argent pour le fait que je travaille ? Comment considérer comme juste le fait de spolier mes enfants, d'une partie de l'argent que j'ai pu épargner lors de mon existence ? Comment accepter de payer un impôt sur mon patrimoine ? Les partis dans leur promesses de campagne électorale, proposent de les réduire, ou tout au moins de ne pas les augmenter. Pourtant, laisser les inégalités augmenter crée des tensions dans la société. Souvent l'inégalité des revenus et des patrimoines, n'a pas de rapport avec l'utilité ou le mérite de l'individu. Ces sentiments premiers qui nous étreignent, nous éloignent d'une société sûre,  dans laquelle chacun peut s'épanouir. La concurrence, si efficace pour l'innovation et la création de richesse, devient destructrice socialement si elle n'est pas encadrée.

    Il y a un lien fort entre patrimoine, propriété, individualité et intimité. Ce qui m'appartient est ma propriété, c'est un prolongement de moi même. Mais voilà, en pratique, malgré mes efforts, je n'ai rien obtenu tout seul. Ce discours de l'homme qui réussit tout seul est une fable, que les économistes, sociologues et historiens ont vite fait de démonter. Il n'est le résultat que d'un point de vue égocentrique. Il est un fait bien établi; le responsable principal de l'enrichissement d'un individu: c'est la société.

    L'enrichissement, est aujourd'hui une affaire privée entre le citoyen et l'état. Le secret dans le domaine de la déclaration des revenus et du patrimoine, est présentée comme une sécurité et une liberté. Elle est surtout une dissimulation et un encouragement aux désertions fiscales. En premier lieu, de ceux qui; muni d'un pouvoir économique ou politique, peuvent y déroger ou soustraire les individus de leurs choix à cet impôt régulateur. Des déclarations d'impôts rendues publiques, permettraient à chacun de juger de la validité de la déclaration de ses voisins. Elles mettraient chacun dans les meilleurs disposition pour accepter un impôt qui fasse ce pour quoi il est conçu: donner à la société les moyens de fonctionner, limiter les abus magouilles et fausses déclarations, éviter que les jalousies et rancunes se transforment en colère et ressentiment.

    L'impopularité de ces impôts est le signe d'une société qui ne croit pas en elle-même, d'une société qui cultive la division entre ses citoyens. Le meilleur est désigné par le résultat d'un classement dont les règles ne sont claires qu'en apparence, et dont les principes ne sont bien souvent pas pertinents, et améliorent peu ou pas du tout la vie des citoyens. De la même façon, la concurrence fiscale, est le moteur de la désagrégation des relations internationales. C'est en laissant la concurrence fiscale opérer sans bornes, que l'Europe se désagrège. A l'heure de la menace Russe et peut-être bientôt Chinoise, se désunir c'est se mettre en danger.

    La mise en concurrence des individus et des nations est un moteur puissant de progrès, d'enrichissement, de pouvoir. En désignant un meilleur, elle établit une hiérarchie. La force de ce résultat tient dans la participation de tous. Elle est égalitaire au départ, inégalitaire à l'arrivée. Elle fait rêver et motive au départ, mais elle décourage et déçoit la majorité à l'arrivée. Elle ne permet pas le repos: après les rêves et la fête, c'est bien souvent la gueule de bois.

    Ces trois impôts posent une question politique importante. Une charnière qui permet de préciser une pensée politique. Peut-être, ce qui manque aujourd'hui dans les partis politiques, pour avoir un discours identifiable et vivant. La déclaration rendue publique des revenus, patrimoine et héritage, par tous et accessible à tous, est une pièce importante d'une évolution, qu'aucun parti ni gouvernement ne préparent. Le secret dans ce domaine est  source de régression politique, sociale et économique. Ce que les gouvernements et partis cultivent, en entretenant la division entre les citoyens dans l'espoir de régner. La déclaration publique de ces impôts, c'est se doter d'un curseur qui permet de régler les efforts que chacun doit fournir pour la société, en les rendant acceptables et compréhensibles par tous. Mais pour la voter, il faut des élus qui veulent façonner une société efficace et confiante en elle-même. Ce qui n'est pas le cas actuellement. Les électeurs, face à ce machiavélisme des élus, refusent de se tourner vers eux-mêmes et leurs concitoyens pour prendre en main cette question. Et ils se retournent encore et encore vers le bâton qui continuera de les battre.