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19/11/2018

Le politique Punk

Il y deux semaines, il y a eu un référendum en Nouvelle Calédonie. La question est celle d'une indépendance ou d'un rattachement à la France. Ce référendum vient trente ans après de sanglants affrontements en Kanaks(les habitants originaires de l’île) et l'état français. Le résultat est conforme à celui attendu, c'est à dire à un rattachement à la France; mais il déçoit les partisans du rattachement à la France, qui eux espéraient un plus large score. En fait en étudiant la géographie des votes, il est facile de s'apercevoir que les Kanaks ont voté pour l'indépendance(mais ils sont minoritaires), les autres ont voté pour le rattachement à la France. Il y a partition de la société calédonienne.

J'ai été déçu du peu d'intérêt que ce vote a suscité, du peu de nombres de commentaires politique, médiatique et intellectuelle, et de la pauvreté des commentaires. Je n'ai entendu aucune proposition politique qui réponde à cette insuffisance de voix. Aucune véritable réflexion, aucun véritable intérêt; cet événement est pourtant important pour chaque français, car il nous parle de ce que veut dire être français aujourd'hui,  être citoyen aujourd'hui, cet événement nous parle du lien qui nous unis à travers les distances. Cet événement a été traité par les médias, par les politiciens, par les intellectuels comme un banal fait divers; bref comme une simple information. Il y a de façon certaine un refus de s'occuper du lien qui lient les individus à leur société, une obstination ou une indifférence technocrate, jacobine ou élitiste à rester vissé sur des discours volontaires, incantatoires ou techniques. Ce silence est pesant, il oblitère l'avenir.

Puisque je n'ai entendu aucun commentaire digne de ce nom, je rends grâce à ce merveilleux outil de publication en ligne qu'est internet. Je peux ainsi énoncer, et je le souhaite, partager mon idée, mon sentiment, mon opinion sur ce référendum. Je n'écris pas cet article par plaisir, car je suis las d'écrire un peu toujours la même chose, et je n'aime pas particulièrement écrire. De plus je n'obtiens, tout au moins en apparence, aucune réponse intéressante ou productive, voir pas de réponse du tout, pas de popularité non plus, ce blog n'est lu que par peu de monde. Mais je me sentirais un lâche de me taire. Voilà donc ma réponse à cet événement passé à la trappe du spectacle médiatico-politique.

Tout d'abord je distingue la politique qui consiste en une gestion technocratique des problèmes, du politique ou le politique qui désigne le type et la qualité des relations des citoyens entre eux, et des citoyens et de leurs représentants politiques. Il est bien clair que dans le cas de la Nouvelle Calédonie, les Kanaks ne se sentent pas représentés au niveau politique; et ainsi ont-ils voté pour l'indépendance. Pour les tenants d'une large victoire au référendum, c'est l'idée de faire taire l'opposition autochtone dans une attitude impérialiste, méprisante ou indifférent. Cette position morale n'ayant pas été relevé par aucun intervenant, voilà qui est fait par ce texte.

La deuxième idées qui semble évidente c'est le lien avec les autres territoires d'outre mer auxquels j'y rajouterais la Corse. Un vrai travail politique consisterait à les réunir, et voir avec eux ce qui peut être fait, pour que l'éloignement puisse être vécu sereinement; pour que cette diversité et cette différence de la métropole à ces lieux distants puissent être une source d'enrichissement, de bien être, et non pas d'empêchement et de crispations. Ce travail n'a été fait ni par le gouvernement ni par aucun parti d'opposition, ni par les médias,ni par les intellectuels. Cette absence de travail n'a été relevé par aucun commentateur, journaliste ou intellectuel que j'ai pu entendre. Nulle doute que si ce travail avait été fait il aurait abouti à la nécessaire décentralisation de l'état au profit des régions, pour leur permettre un développement administratif (par exemple, recrutement de fonctionnaires sur place), économique( par exemple, fixer le niveau du smig ), culturel et éducatif (par exemple, reconnaissance des langues locales qui sont une réalité actuelle et pour laquelle la France est régulièrement condamnée par les institution européenne et mondiales). Le malaise actuel n'est pas prêt de disparaître.

A la radio j'entend le commentaire d'une députée qui m'écorche l'oreille : elle parle à propos du mouvement des gilets jaunes, de contestation démocratique. Elle répète cette expression à deux reprise pour bien s'assurer que c'est vrai; le journaliste et l'autre intervenant ne rebondissent pas sur cette remarque. Moi, je sais bien ce que c'est qu'une contestation minoritaire, majoritaire, populaire, élitiste, soutenue ou décriée par le public ou par le pouvoir. Mais je ne sais pas ce que c'est qu'une contestation démocratique. Je sais par contre que le mode démocratique est un mode de gouvernance politique qui fait toute sa place aux non spécialistes, au public, en leur donnant accès aux informations et aux décisions qu'ils pourraient prendre ou dont ils voudraient se saisir. Et ce mode de gouvernance est inconnu en France. Nous vivons dans une république monarchique et je suis bien heureux que de nombreux commentateurs le soulignent, et bien agacé que ça ne génère aucun programme politique ou action contestatrice; ni de partis politiques, ni de syndicats, ni d'intellectuels, ni d'églises, ni d'aucune association d'aucune sorte. En l’occurrence dans le cas qui nous occupe aujourd'hui : les gilets jaune ont besoin d'un gouvernement agressif envers ses citoyens pour eux aussi agresser à leur tour les autres citoyen. Ce masochisme collectif m'ennuie profondément.

Cette déficience d'aptitude à la décision collective, digne d'un pays moyennement développé; dont la responsabilité échoit à beaucoup de monde dans ce pays, soit par préjugé, par conviction, par ignorance ou  indifférence, par fainéantise  ou par lâcheté, ne permet pas d'envisager sereinement l'avenir. Ainsi puis-je reprendre le slogan des punks : Le Politique en France = no future.

10:46 Publié dans politique | Lien permanent | Commentaires (0)

04/09/2018

Affaire Benalla : un impensé politique

L'affaire Benalla n'occupant plus l'actualité, je peux dire mon agacement et ma déception sur le sujet. Agacement et déception du monde politique, médiatique, intellectuel français. Le niveau de bruit médiatique que cette affaire a produit n'a d'égal que la médiocrité de sa réponse politique, médiatique et intellectuel. 

Petit rappel des faits : un employé du service de sécurité du président français, pris sur le vif en vidéo, frappe un couple d'individu en marge d'une manifestation, alors qu'il n'avait, de par ses fonctions, rien à y faire. Deuxième temps de cet affaire, le président essaie de camoufler les faits, sans succès : les masques finissent par tomber, après des mensonges et des silences pesants. 

Pour penser véritablement cette affaire, il faut s'interroger sur les conditions de la production de cette vidéo : elle a été mise à la disposition des services ordinaires de police, puis diffusé illégalement vers le public français. Les services chargés de l'examen de ce genre d'informations, concernent environ 150 personnes, ces fonctionnaires tenus au secret, doivent veiller au bon fonctionnement de l'administration. Une personne, parmi ces fonctionnaires chargés d'examiner ces informations, a du trahir son service et la loi pour faire le métier pour lequel il est payé : c'est à dire de s'assurer du bon fonctionnement de l'administration. 

Comment se fait il que personne dans le monde politique, médiatique et intellectuel français ne s'indigne qu'un fonctionnaire doive trahir son employeur et la loi pour faire son travail ? La réponse politique à cet situation, qui aurait du être produite paraît évidente : il faut changer la loi, il faut que les informations qui mettent en cause l'intégrité des fonctionnaires soient consultables par tous les français. La démocratie implique un contrôle de l'état, et donc l'accés aux informations qu'il utilise, par les citoyens. L'émotion qu'a suscite cette affaire n'est pas anodine : elle indique qu'il y a un décalage entre les attentes de transparence et de contrôle démocratique des français et la pratique gouvernementale actuelle. Le véritable travail en politique est d'accompagner ou de faire émerger des valeurs nouvelles autour desquelles les individus peuvent se reconnaître. Dans ce cas précis, il faut proposer une loi : celle de l'accés public à ces informations. En travaillant sur cette proposition, on est au coeur de la politique, c'est à dire, de la qualité du lien entre les électeurs et les élus, et donc entre les citoyens et la société. Il s'agit d'un travail politique qui produit une identification du citoyen à la société, un bien être, une responsabilité et une confiance réciproque. Ce travail n'ayant pas été fait, on va donc entendre encore souvent parler de fracture de la société française, de colère populaire, de populisme. 

En ne dénonçant qu'une utilisation trop personnelle de l'état par le président, Le monde politique, médiatique et intellectuel français est resté faible : la relation entre les électeurs et les élus ne s'améliore pas. Les conditions d'une société plus performante, plus responsable, plus optimiste n'est malheureusement pas examinée sérieusement. Dans un monde ou la coopération,la compétition et la comparaison entre les nations est la règle, cette faiblesse de pensée et d'action est pénalisante. Je crois que la France vaut mieux que ce que ses élites politiques, médiatiques et intellectuelles françaises en font actuellement. Il appartient maintenant à chacun de le penser et d'agir en conséquence.

13:29 Publié dans politique | Lien permanent | Commentaires (0)

08/05/2018

Secret des affaires

La loi sur le secret des affaires est la dernière loi qui fait polémique. Le parlement français entérine une loi votée au parlement européen. Je ne suis pas spécialiste de cette question mais je trouve le niveau du débat politique et médiatique trop faible pour me taire.

Sur les articles que j'ai pu lire ou entendre, il y est question de restriction de liberté pour les journalistes, les lanceurs d'alerte ou les associations écologiques ou de consommateurs. Il y a une réelle inquiétude, bien médiatisée : Je la partage. J'y vois moi aussi une atteinte à la liberté d'expression. Et je ne crois pas que ce soit en muselant les gens, en les empêchant de parler qu'on crée une société où il y fait bon vivre. Le but de cette loi est de rendre la vie plus confortable à une élite économique et politique, elle est discriminatoire, elle produira ses effets aux dépends des citoyens.

La deuxième chose que je trouve ce sont des lettres ouvertes de personnalités plus ou moins connues qui demandent au président de la république de ne pas faire voter cette loi. Écrites sur un ton implorant, elles visent à émouvoir à raisonner le chef de l'état. J'ai le sentiment en les lisant; de voir un groupe de serviteurs qui s'agenouille devant un monarque. C'est se rabaisser que d'écrire cette prose, c'est humilier les français que de les inviter à se courber ainsi devant une personne, et c'est consacrer au chef de l'état l'autorité suprême qu'il convoite. Je trouve cette attitude déplacée et choquante. J'invite chacun à relire ce court texte de La Boétie sur la servitude volontaire.

En troisième je trouve une opposition qui vote contre...mais qui ne propose rien d'autre en contrepartie ! La France fait partie de l'Europe, il n'y a pas à le déplorer même quand une mauvaise loi a été voté; mais il ne suffit pas de voter contre. Pour qu'il y ait action politique il faut proposer des valeurs aux citoyens qui pourraient faire consensus à l'avenir. Le fait d'être contre une loi, ne produit pas une valeur, une opinion susceptible de structurer la société. Il faut rappeler que cette loi qui vise à faire taire les citoyens n'est qu'une violence morale que le pouvoir exerce contre les citoyens. Cette violence morale du pouvoir contre ses citoyens ne peut que renforcer la division sociale de la société, elle crée du pessimisme, de la solitude, de la fragilité. C'est une loi du pouvoir qui n'a que le pouvoir pour fin. C'est un pouvoir qui se regarde dans le miroir en admirant ses muscles. Cette loi pousse les élites a plus de narcissisme, à plus de mépris pour les citoyens; et les citoyens à plus de mépris pour eux-mêmes. Elle ne peut que renforcer les citoyens dans la méfiance, la soumission, le pessimisme; cette loi fracture plus profondément la société qu'elle ne l'est déjà. 

Lorsque j'écoute les gens, j'ai le sentiment que la politique en France se limite à une somme de décisions administratives ou économiques, patinée par une communication plus ou moins bluffante et d'intérêts stratégiques. Cette vision technocratique et jacobine ne me satisfait pas. Alors je me permets de citer quelques arguments qui me semblent évident à citer, à exposer, à justifier, à développer et à faire vivre. Juste quelques arguments qui permettent d'envisager l'avenir avec optimisme, confiance, pragmatisme.

Le premier argument à valoriser me semble être économique. Cette loi pour favoriser le secret des affaires : de combien d'emplois on parle ? Combien d'emplois ça pourrait créer ou détruire ? Pour ce que je connais de la politique et de l'économie, c'est l'Amérique qui a le droit sur le secret des affaires le plus ancien et le plus sévère. L'Amérique est depuis plusieurs décennies, l'économie la plus déficitaire de la planète. Comment croire qu'une telle loi serait efficace ? Je n'ai ni entendu ni lu aucun économiste, qui visiblement n'ont pas été beaucoup consultés ni écoutés. Il n'y a eu aucun débat ni aucune question sur son efficacité, ni sur une évaluation postérieure. Le secret des affaires ne fait consensus pour les économistes. C'est un travail politique et médiatique qui n'a pas été fait.

L'argument politique, qui semble le plus consistant c'est celui d'une collusion entre les élites politiques françaises et européennes et le monde des grandes entreprises. La réponse, c'est de développer une politique de la transparence. Il faut exiger que les politiciens européens et français rendent des comptes plus précis sur les activités, leurs liens personnels familiaux, amicaux avec le monde des entreprises. Il faut demander d'interdire le cumul des mandats politique et celui des entreprises. Il faut demander à limiter le nombre de mandats. Il faut aussi demander que la durée de ce secret soi limité dans le temps. Car qui dit secret dit irresponsabilité, et il faut que les citoyens puissent juger les élites. Il faut s'interroger :comment est-ce possible que des grands groupes industriels français, qui ont en plus des contrats avec l'état, avec l'Europe ou avec des collectivités territoriales aient pu acheter quantité de médias français sans qu'aucun parti politique n'ait réagi ? Je n'ai pas lu ou entendu aucun débat sérieux sur cette anomalie. Il faut interdire que d'anciens haut fonctionnaire et politiciens français ou européens se reconvertissent dans les affaires en profitant de leur réseaux de relations. Cette loi sur le secret des affaires marque un mépris évident de la classe politique européenne et française pour les citoyens; je n'ai vu ce mépris souligné par aucun journaliste, aucun politicien ni intellectuel. C'est le même mépris de cette élite française, qui fait qu'aucun politicien n'a à ce jour reconnu que le nuage de Tchernobyl a survolé la France. Je n'ai vu ce lien évoqué nulle part; c'est un travail politique et médiatique qui n'a pas été fait.

Ce qui m'inquiète, ce qui me semble important ou ce qui m'excite en politique; ce n'est pas le nombre ou l'importance des manifestations; ce n'est pas le score aux élections; toutes choses qui sont abondamment commentées. Ce qui m’intéresse, ce qui m'inspire, ce qui me fait vibrer; c'est le silence, l'apathie, l’absence de réflexion, de discours et de réaction des français et de leurs élites. Ce silence me dit plus que le bruit publique que chacun peut entendre. Pour faire de la politique, je crois qu'il faut parler à ce silence pour qu'il ne soit plus jamais un secret, et qu'ainsi il donne de la reconnaissance, de la confiance, de l'identité et une place à chacun. Une bonne politique est une politique qui réuni et renforce, pas une politique qui divise et affaibli. La violence morale, actuellement utilisée en politique, ne permet que de distinguer le premier du suivant; le plus fort du plus faible; elle ne fait pas société; elle est la négation même de la politique. Cette violence morale n'est qu'un discours qui s'adresse à lui-même.

 

 

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