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politique - Page 5

  • De la responsabilité des élus

    Lors de ce deuxième conseil municipal de la mandature auquel j'ai assisté, une décision parmi les premières qui ont été prises;  concerne la répartition des responsabilités. En effet il a été voté une délégation de pouvoir portant sur de nombreux points au Maire. Cette délégation de pouvoir a été adopté par l'ensemble des conseillés municipaux sans véritable débat. Comment comprendre que les conseillés municipaux se dessaisissent eux même aussi facilement de leur responsabilité, de leur pouvoir ? Le nouveau maire, tout juste élu, justifie cette proposition en disant que cette délégation de pouvoir est chose tout à fait habituelle dans les communes françaises.

    Les français n'ont jamais été aussi méfiant envers les élites politiques, ils manifestent leur mécontentement, leur pessimisme par de nombreuses manifestation et grèves, se plaignent amèrement de ne pas être entendus. Il y a un vrai problème de représentativité et de gouvernance dans ce pays, et pourtant, lorsque l'occasion se présente de pouvoir partager le pouvoir, personne ne semble intéressé. Personne, dans l'assemblée des conseillés municipaux, n'a pris la parole pour dénoncer cette spoliation de pouvoir ? Quel mal peut il y avoir à prendre les décisions municipales lors du conseil ?

    La seul réaction vient d'un conseillé municipal d'opposition qui demande des précisions sur l'information que le maire donnera. Des décisions qu'il prendra dorénavant seul, sans consulter le conseil municipal. Ce conseillé municipal semblait fier de montrer à tout le monde qu'il faisait son travail en demandant à être informé des décisions du maire. Il est évident que si on a confiance dans le maire, on n'a pas besoin d'insister sur cette question, et si on n'a pas confiance, il convient de refuser de voter la délégation de pouvoir au maire portant sur de nombreuses et importantes questions, qui à priori, devraient être décidées par l'ensemble des conseillés municipaux.

    Faisant parti de la liste d'opposition mais n'étant pas en position d'élu, je ne peux prendre publiquement la parole lors de cette réunion. J'en parle à ma compagne, qui elle siège, comme conseillère municipale d'opposition. Elle ne comprend pas mon indignation. Pour elle ce qui importe ce sont les décisions qui sont prises qui comptent. Si donc le maire prend de bonnes décisions, pourquoi s'inquiéter que le conseil lui délègue des pouvoirs qu'il pourrait lui même posséder ?

    Pour arriver à cette position il ne faut pas penser : il faut se laisser place à la sociabilité, à la grégarité. Voilà le programme : en politique, on débranche son intelligence, on abandonne ses responsabilités et on se fait des amis...chouette ! 

    Moi, je cherche des égaux avec qui partager des préoccupations des responsabilités, des actions. Je ne cherche pas des égos qui me domineraient et dont l'attitude complaisante me procurerais une place sociale modeste ou confortable.

    Je ne siège pas au conseil municipal, mais je me rends à la réunion des sympathisants de la liste à laquelle j'ai participé. Il y est question du difficile fonctionnement des commissions, dont je ne sais à quoi elle peuvent bien servir maintenant que les conseillés municipaux se sont dessaisis de leur pouvoir et de leur responsabilité au profit du maire. Ces nombreuses réunions sont difficiles à gérer pour les conseillés élus qui tous les quatre ont une activité professionnelle. Les personnes présentent débâtent de la possibilité que d'autres dans la listes, qui ne sont pas élus puissent remplacer les élus, lorsque ces derniers, du fait de leurs activités professionnelles ou personnelles, ne peuvent s'y rendre. Rapidement, l'unanimité se fait sur la proposition du Maire, qui ne souhaitait que ces remplaçants ne puissent venir, que s'ils connaissent parfaitement le dossier. Je plaide alors pour que le remplacement puisse se faire même par quelqu'un qui ne soit pas compétent, du moment qu'il soit sur la liste, ou qu'il soit soutenu par la liste. Je souligne l'avantage de cette proposition : pouvoir avoir un compte rendu, pour le conseillé municipal concerné, pour la liste d'opposition, pour les villageois.

    Mais soutenir cette proposition n'intéresse personne. Tout le monde présent à la réunion sauf moi, reste convaincu qu'il faut être compétent pour assister à une commission, et qu'il vaut mieux qu'il n'y ait personne de notre liste présent à une commission. Et cette compétence n'est rien d'autre qu'une proximité sociale, une complaisance avec le Maire.

    Quelques jours plus tard, ma compagne revient d'une commission municipale. Elle est contente qu'il y en ait moins qu'après les élections; mais elle se plaint que l'adjointe au maire, qui gère la réunion a déjà pris les décisions avant même la réunion. Je lui réponds que c'est bien normal puisque les conseillés municipaux ont voté une délégation massive de compétence au profit du maire; lors du dernier conseil municipal. Bien évidemment, je ne suis pas étonné de sa réponse. Elle me dit que je n'ai rien compris, et si les réunions se raréfient et les décisions sont déjà prises avant les réunions, ça tient à la personnalité de l'adjointe au maire.

    J'ai lu un livre instructif, qui m'a bien fait plaisir. C'est :"le modèle Suisse",de François Garçon, aux éditions Templus. Le chercheur expose de façon clair les enjeux et les subtilités qui font la supériorité de la démocratie directe sur la république. Je viens de lire aussi un livre intéressant d'un historien américain, Howard Zinn, "une histoire populaire des états unis". Cet auteur montre dans le détail, comment la république, est pervertie, détournée, spoliée; par une élite d'individus, dont la seule qualité et le seul travail est d'entretenir un réseau de relation qui leurs permettent d'accéder et de se maintenir au pouvoir. Je vous conseille la lecture de ces deux livres. A bientôt

     

     

  • Conseil municipal

    Me voilà inscrit sur une liste électorale, je ne siège donc pas au conseil municipal, mais par solidarité, je viens assister aux conseils municipaux. Pour le deuxième conseil, plus d'une dizaine de décisions sont soumises au vote. Il en est une qui m'a profondément agacé; je me permets de la commenter sur ce blog.

    Il a été question d'actualiser le site de la Mairie. Il s'agit non pas de rechercher une compétence en informatique, mais de rentrer quelques données régulièrement pour rendre le site intéressant à utiliser pour les citoyens. Pour résoudre ce problème qui me semble représenter un travail d'une heure hebdomadaire, le Maire a proposé la création d'un emploi aidé par l'état à hauteur de 75 % pendant un an. Cette proposition a été adopté par l'ensemble du conseil municipal, la liste élue comme la liste d'opposition on voté pour. Personne n'a fait le moindre commentaire, sauf pour dire qu'il fallait que ce site soit rendu plus fonctionnel et interactif, alors qu'actuellement il n'est utilisé que comme une affiche papier, présentant succinctement les divers services municipaux.

    Pendant la campagne municipale, je me suis penché sur la comptabilité de la Mairie. En 12 ans, sous deux Maires différents, les dépenses pour payer les employés communaux ont augmenté de 150 %. Aujourd'hui le seul poste des salaires des employés de mairie dépasse la moitié du budget de la mairie. Durant la campagne personne ne s'est intéressé à cette question pourtant importante d'une augmentation aussi forte et régulière de ces dépenses.

    Au lieu de ça, lors de ce deuxième conseil municipal, le Maire, par ailleurs élus au conseil général et au conseil régional, décrit succinctement les finances de la Mairie. Les impôts de la ville, sont dans la moyenne des villes de même importance; il en est de même du nombre d'employé municipaux, et de l'endettement. Donc le nouveau Maire, tout fraîchement élu se félicite de cette situation : on est content de vivre dans une ville normale ! La norme : le seul argument que la sociabilité agite comme horizon indépassable.

    La France est un des pays les plus endettés du monde, un pays dont les prélèvements sont les plus élevés du monde, et tout va bien, grâce à la sociabilité(on est comme les autres). Le plus triste c'est qu'aucun conseillé municipal ne réagit à des propos aussi ahurissant, et ces propos ne génèrent aucune réaction parmi le publique.

    Je discute avec ma compagne qui siège au conseil municipal dans l'opposition et lui fait part de mon indignation. Je ne suis même pas étonné de sa réponse, mais je reste quand même atterré. Elle me dit que c'est très bien de créer un emploi public, puisqu'il y a du chômage. Elle ne comprend pas pourquoi il faudrait d'abord que les conseillés municipaux, fassent ce travail eux même, qu'ils cherchent des bénévoles pour faire ce travail, ou qu'ils demandent des volontaires parmi les employés municipaux pour accomplir cette modeste tâche. Les correspondants de presse présents n'écriront rien sur ce sujet, qui pour eux n'en n'est visiblement pas un.

    Pourquoi les français sont-ils aussi massivement fâchés avec les principes les plus élémentaires de l'économie ? La norme ! Le seul argument que un esprit sociable est capable de balbutier. On est satisfait parce qu'on est comme les autres.

  • Suissez-vous !

    Il y a deux ans environ, je lisais le livre de Stéphane Hessel qui a fait le buzz médiatique : "Indignez-vous!". Ce livre, je n'ai pas pris la peine de l'acheter, mais il m'est tombé dans la main; prêté par une main amie. J'en garde un mauvais souvenir, un certain malaise m'avait envahi à sa lecture, sans que je puisse intellectuellement lui trouver une réponse.

    Depuis deux ans que j'ai lu ce livre, je n'ai pas pris la peine de le relire. Lorsque je l'ai lu, je n'ai pris aucune note. Et je n'ai cherché dans aucun autre livre, d'argument pour trouver une réponse. Je construirais donc mon commentaire sur mes souvenirs de lectures. 

    Qu'ai-je retenu de ce livre, deux ans après l'avoir lu ? Tout d'abord, le malaise que je ressentais lors de sa lecture s'est estompé. Il ne me reste une indignation, une froide indignation. Une indignation qui trouve sa source dans le ton de ce livre. Car de quoi est-il question dans ce livre ? Il s'agit pour son auteur de démontrer en quoi l'indignation que l'on peut éprouver face à l'autorité est bonne, citoyenne, positive. L'auteur du livre fait l'éloge de l'opposition à la loi et au pouvoir politique. Une opposition qui permettrait de construire une meilleur société, une société plus juste, plus humaine.

    Il est bien certain que le droit de manifester, de s'indigner contre le pouvoir, même régulièrement élu, fait partie entièrement et nécessairement d'une société démocratique. Je dirais même qu'on ne peut pas concevoir une société pleinement démocratique qui ne permettrait pas à ses citoyens de manifester contre le pouvoir.

    Lorsque Stéphane Hessel fait l'apologie de l'indignation, que fait-il réellement ? Il dit que la contestation du pouvoir par les citoyens dans une démocratie, n'est pas seulement un mal nécessaire, mais qu'il est un bien. La contestation serait même le carburant d'une bonne société. Elle en serait à la fois le signe et la source. Ainsi le bon citoyen, suivant Hessel, serait celui qui revendique, s'oppose au pouvoir, conteste, exprime son désaccord. 

    Mon premier malaise, c'est de me dire que, puisque je n'éprouve pas, la plupart du temps, le besoin de manifester mon mécontentement, de la partager au milieu d'une foule...je ne suis pas un bon citoyen ! Le propos de monsieur Hessel me culpabilise. Je me dis qu'il me manque quelque chose, à chaque fois que je suis différent et seul à penser mes convictions. Car lorsque je ne suis pas d'accord avec les solutions prises par le pouvoir politique, je ne trouve pas de relais autour de moi, ni dans la société pour me conforter dans mes opinions. De fait, je n'ai trouvé pour l'instant que ce blog, pour exprimer mes idées, mes déceptions, ma colère.

    La manifestation publique et grégaire en occupant les rues avec des revendications souvent idéalistes, irréalistes ou corporatistes  ne m'intéresse pas. Je n'ai pas eu le sentiment, les quelques fois où j'y ai participé, d'accéder à un degré supérieur de citoyenneté. Je n'y ai tout juste trouvé que des propos qui ne résolvent aucun problème, souvent même qui en créent, et surtout qui en invoquant l'avenir avec inquiétude, se posent comme irréprochables et responsables. Ce qu'ils ne sont pas, bien souvent.  

    Toutefois, je ne dirais pas pour autant que manifester contre le pouvoir c'est mal, manifester, c'est parfois un mal nécessaire. Ne serait-ce que pour extérioriser son inquiétude, sa solitude, son incompréhension. Toutefois pour moi, manifester implique plus de responsabilité au niveau moral; et non pas moins. Manifester c'est d'abord le constat d'une impossible concertation. Manifester c'est d'abord pour moi, une violence morale.  C'est souvent prendre en otage les autres citoyens non concernés, ou en plein désaccord avec la manifestation, et leur en faire subir les conséquences. Manifester quand on a un travail pour avoir un meilleur salaire, c'est d'abord nier l'existence de chômeurs qui n'ont pas de travail. Manifester pour maintenir un régime spécifique de retraite; c'est d'abord faire payer aux autres citoyens un avantage qu'ils ne possèdent pas. Malheureusement, la plupart des manifestions sont corporatistes, quand il faudrait réclamer la justice. Manifester c'est souvent demander des subventions, donc faire augmenter les impôts et les charges, sans ce soucier de ceux qui les payent. Il est même fréquent, que ce soient les mêmes qui manifestent pour augmenter les dépenses publiques, qui se plaignent des impôts et taxes excessifs. Faire l'apologie de la manifestation contre le pouvoir comme le fait Stéphane Hessel; je ne crois pas que ce soit la bonne voie pour marcher vers une bonne société. 

    Manifester contre un pouvoir est un mal nécessaire car une élection c'est un chèque en blanc. Les élus, une fois au pouvoir peuvent bien faire ce qu'ils veulent. De plus la façon même dont sont organisées les élections, font que l'on vote pour des personnes ou des partis, avec lesquels on ne partage pas les idées. Il est donc bien évident qu'il faut pouvoir exprimer son indignation à propos de sujet précis de gouvernance. Ce livre en faisant la publicité de l'indignation va au delà d'une simple libération d’énergie citoyenne. Car on peut considérer, à partir de ce livre, que quelqu'un qui ne s'indignerait pas, perdrait de sa valeur, perdrait de sa citoyenneté.

    Je ne le crois pas. Prenons l'exemple de quelqu'un qui s'indigne contre une décision gouvernementale; et supposons que cette décision soit soutenu majoritairement aussi par la population. Que fait la personne qui manifeste ? Manifeste-t-elle contre le pouvoir et ses représentants, ou manifeste-t-elle contre une autre partie de la population ? Une minorité peu, avec juste raison manifester contre l'opinion de la majorité. Mais dans quel cas considérer que cette manifestation sert la société, sert la démocratie, alors même qu'elle s'inscrit contre la majorité ? J'y vois simplement, dans cette indignation systématiquement bonne, le mépris le l'opinion commune. 

    Les lois sont faites pour garantir la liberté de tous. Sans lois il ne peut pas y avoir de liberté, ni ordre, ni sécurité, ni paix, ni prospérité. Les lois sont indispensables. Les respecter est nécessaire au bon fonctionnement d'une société. Bien évidemment un respect trop tatillon est néfaste. Si on devait en toute rigueur appliquer toute la loi tout le temps, je crois bien que rien ne fonctionnerait plus. Il y a bien un équilibre entre respect de la loi et transgression. La transgression même de la loi, est une condition première de la liberté dans une société. C'est bien parce que je peux transgresser la loi que je suis libre. Mais cette transgression ne doit en aucun cas devenir un devoir ou une obligation, car alors, il n'y aurait plus respect de la loi. Et sans respect de la loi, il n'y a pas de société, donc, pas de liberté. Une société de liberté est donc un dosage entre le respect de la loi, et sa transgression.

    Mais si on fait l'apologie de l'indignation, y-a-t-il encore transgression ? Si on fait l'apologie de l'indignation contre la loi du pouvoir, on fait par là même, l'apologie de la transgression à la loi; donc on perd en liberté. L'indignation n'est source de liberté que si on n'en fait pas l'apologie.

    Je crois pour ma part que l'indignation est à combattre. Il s'agit de la faire reculer. Non pas en sanctionnant les individus indignés, mais en proposant un fonctionnement différent du mode d'exercice du pouvoir actuel. Car l'indignation est aussi le signe d'un mauvais fonctionnement démocratique.

    Pour ma part, je conclurai en disant qu'il faut ni se lamenter ni se réjouir de l'indignation que la population française peut exprimer contre le pouvoir politique. Je crois qu'il faut réagir à cette indignation, en cherchant à la faire baisser, en cherchant un mode de gouvernance apaisant.

    On voit toute son efficacité dans le pays qui le pratique le plus : la Suisse. La Suisse qui a le taux de manifestation et de grèves le plus bas du monde (20 fois moins qu'en France par habitant), a le chômage le plus faible d'Europe, le niveau et la qualité de vie la plus élevée d'Europe, alors même qu'elle n'a ni déficit budgétaire, ni déficit commercial, ni attentats.

    C'est ainsi que, lorsque vous sentirez au plus profond de vous la colère monter, parce que une fois de plus, les élus ne prennent pas la bonne décision, n'attendez pas d'être envahi par l'indignation, la sociabilité et la grégarité. Cultivez l'apaisement en vous-même et dans la société et réagissez : "Suissez-vous !".