27/03/2014
Finances publiques
Les finances publiques sont un sujet de débat récurrent en politique. Pour en parler sans trop s'étendre, je choisis simplement de distinguer deux problèmes : les dépenses, et les recettes.
Pour les dépenses, les avis même s'ils sont divergents en apparence, se rejoignent bien souvent pour dire que plus on augmente les dépenses publiques et plus on crée d'emploi, plus on crée de services. Ces emplois et ces services, sont toujours conçus pour le bien être des Français. Ces dépenses sont conçues pour effacer le chômage, réduire les inégalités, satisfaire des attentes et des frustrations, soulager des souffrances ou apporter de la reconnaissance. C'est une vision généreuse et idéaliste de l'état. Tous les partis au pouvoir depuis 40 ans ont appliqué cette politique, du parti communiste au front national en passant par l'UMP, le PS, le centre gauche ou droit. Il y a donc une belle unanimité pour appliquer une politique dépensière.
Pour ce qui est des prélèvements, les choses sont plus difficiles, moins consensuelles , car qui a envie de payer plus d'impôts et de taxes ? Alors sur ce sujet plus personne n'est d'accord et tout le monde se chamaille, les partis politiques aussi bien que les Français. La France détient la deuxième place en Europe, des prélèvements publiques derrière le Danemark. Le Danemark connait un déficit public faible. Les Danois, ne connaissent pas le chômage; ,ils connaissent un faible niveau d'inégalités; ils sont confiants dans l'avenir et voient la mondialisation, la concurrence, comme un bénéfice, une chance. Les Danois ne doutent pas d'eux même; ils connaissent peu de manifestations et de grèves.
Avec des prélèvements publics quasi équivalents La France connait un déficit excessif, proche des pays européens en faillite.Les français quand à eux, , connaissent le chômage de masse, des prestations sociales insuffisantes; des inégalités. Ils sont pessimistes pour l'avenir, ont peur de la mondialisation, et voient la concurrence comme un danger. Les Français doutent de leur identité. La France connait de nombreuses manifestations et grèves. Je rappellerais pour mémoire, les manifestations des bonnets rouges, qui symbolisent le sentiment d'injustice et de raz-le-bol fiscal.
La culture Française, portée vers le symbolique et l'idéalisme, ne supporte pas la compétition avec un Danemark pragmatique; où le critère d'efficacité prime, et où la concertation sociale fonctionne. La société Française n'est pas capable de concertation; il n'est qu'a noter le vocabulaire employé par les journalistes, par les hommes politiques ou par les citoyens eux même lorsqu'ils participent à une action collective : combat. Il est bien clair qu'on combat seulement lorsque le dialogue, la concertation sont impossibles; donc lorsque la société ne va pas bien. Les Français lorsqu'ils se saisissent de la parole publique, c'est pour se séparer, pour affirmer leur différence; et non pour se réunir, pour s'accorder. C'est ainsi que les syndicats comme les partis politiques; défendent ou créent des revendications corporatistes, sans se préoccuper du reste de la société, voir contre le reste de la société. Ainsi la tension monte et les résultats tant économiques que politiques sont médiocres.
J'habite une ville de 4 000 habitant, et me présente sur une liste électorale pour les municipales. Durant la campagne électorale, la polémique a porté sur la création d'une médiathèque. Dans la ville, il y a une bibliothèque, avec une employée et un choix raisonnable de livres. Il y a quelques années, j'avais participé à un jumelage avec une ville allemande de 10 000 habitants. La bibliothèque fonctionnait uniquement avec des bénévoles, elle n'était ouverte que deux après-midi par semaine. Puis j'avais passé des vacances dans les environs de Frankfort. J'ai pu constater que dans cette ville de plus de 500 000 habitants, la bibliothèque fonctionnait avec deux employé. Je suis actuellement inscrit à la bibliothèque d'une ville de plus de 100 000 habitants; et j'ai compté sept employés qui y travaillent. Il est un fait établi par les sociologues du monde entier : c'est que les équipements culturels de ce type, s'ils sont intéressants, et s'il ne faut pas les négliger; il profitent d'abord aux classes sociales culturelles élevées. De fait, ces équipement profitent surtout à des gens qui n'en n'ont pas besoin. L'idée qu'en dépensant plus d'argent dans ce type d'équipement; on favoriserait l'accès à la culture à un publique défavorisé n'est pas vérifié dans la réalité. Je citerais pour exemple le nombre de prix Nobel : les Allemands n'en ont pas moins que les Français, et les inégalités culturelles ne sont pas plus fortes en Allemagne qu'en France. La création éventuelle d'une médiathèque dans mon village est révélateur d'une gestion peu efficace des finances publiques. Plus exactement, je qualifierais ce type de dépenses de somptuaires. Ce type de dépense publique vise à donner à la représentation politique la pompe, la magnificence qu'avait auparavant l'église, puis la royauté.
J'ai appris à l'école primaire par mes instituteur que la royauté c'était effondrée en France; du fait de son inefficacité, de sa recherche effrénée de luxe et de prestige. J'espère que les enfants des générations qui viennent apprendront que la 5ème république a cessé d'exister parce que c'était un système que les Français utilisaient pour produire des symboles républicains inutiles, luxueux et coùteux. J'espère que le système politique français évoluera vers un panachage de république et de démocratie directe; car c'est la seule voie qui redonne régulièrement à ses citoyens ce qu'ils méritent : le pouvoir politique; et qu'ainsi une atmosphère de réconciliation régnera dans ce pays.
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02/10/2013
Suissez-vous !
Il y a deux ans environ, je lisais le livre de Stéphane Hessel qui a fait le buzz médiatique : "Indignez-vous!". Ce livre, je n'ai pas pris la peine de l'acheter, mais il m'est tombé dans la main; prêté par une main amie. J'en garde un mauvais souvenir, un certain malaise m'avait envahi à sa lecture, sans que je puisse intellectuellement lui trouver une réponse. Et comment aurais-je pu le faire facilement puisque je ne suis pas un penseur professionnel, et que les seules commentaires que j'entendais sur le sujet, c'étaient les commentaires des journalistes. Ces derniers étaient élogieux, je n'ai entendu aucune critique de ce livre, aucun propos remettant en question les idées de son auteur. Aujourd'hui je me sens capable d'écrire une réponse; et je crois qu'elle est d'autant plus nécessaire que je ne l'ai pas entendue. Aussi ai-je envie de la faire partager.
Depuis les deux ans que j'ai lu ce livre, je n'ai pas pris la peine de le relire. Lorsque je l'ai lu, je n'ai pris aucune note. Et je n'ai cherché dans aucun autre livre, d'argument pour trouver une réponse. Je construirais donc mon commentaire sur mes souvenirs de lectures.
Qu'ai-je retenu de ce livre, deux ans après l'avoir lu ? Tout d'abord, le malaise que je ressentais lors de sa lecture s'est estompé. Il ne me reste une indignation, une froide indignation. Une indignation qui trouve sa source dans le ton, l'idée de ce livre. Car de quoi est-il question dans ce livre ? Il s'agit pour son auteur de montrer et de démontrer en quoi l'indignation que l'on peut éprouver face à l'autorité est bonne, citoyenne, positive. L'auteur du livre fait l'éloge de l'opposition à la loi et surtout au pouvoir politique. Une opposition qui permettrait de construire une meilleur société, une société plus juste, plus humaine.
Il est bien certain que le droit de manifester, de s'indigner contre le pouvoir, même régulièrement élu, fait partie entièrement et nécessairement d'une société démocratique. Je dirais même qu'on ne peut pas concevoir une société pleinement démocratique qui ne permettrait pas à ses citoyens de manifester contre le pouvoir. Lorsque Stéphane Hessel fait l'apologie de l'indignation, que fait-il réellement ? Se contente-t-il de simplement énoncer une lapalissade ? Non, je ne le crois pas. Il dit que la contestation du pouvoir par les citoyens dans une démocratie, n'est pas seulement un mal nécessaire, mais qu'il est un bien. La contestation serait même le carburant d'une société démocratique heureuse, elle en serait à la fois le signe et la source. Ainsi le bon citoyen, le citoyen heureux et intelligent, suivant Hessel, serait celui qui revendique, s'oppose au pouvoir, conteste, exprime son désaccord.
Mon premier malaise, c'est de me dire que, puisque je n'éprouve pas le besoin de manifester mon mécontentement, de la partager au milieu d'une foule...je ne suis pas un bon citoyen ! Le propos de monsieur Hessel me culpabilise. Je me dis qu'il me manque quelque chose, que je suis différent et seul à penser mes convictions. Car lorsque je ne suis pas d'accord avec les solutions prises par le pouvoir politique, je ne trouve pas de relais autour de moi, ni dans la société pour me conforter dans mes opinions. De fait, je n'ai trouvé pour l'instant que ce blog, pour exprimer mes idées, mes déceptions, ma colère. La manifestation publique et grégaire en occupant les rues avec des revendications systématiquement idéalistes, irréalistes ou corporatistes ne m'intéresse pas. Je n'ai pas eu le sentiment, les quelques fois où j'y ai participé, d'accéder à un degré supérieur de citoyenneté. Je n'y ai tout juste trouvé que des propos qui ne résolvent aucun problème, souvent même qui en créent, et surtout qui en invoquant l'avenir avec inquiétude, se posent comme irréprochables et responables. Ce qu'ils ne sont pas.
Toutefois, je ne dirais pas pour autant que manifester contre le pouvoir c'est mal; que ce serait faire preuve d'idiotie, ou d'une sociabilité qui tourne à vide. Il ne faut pas, je crois, culpabiliser en plus d'être soumis à la peur et la méfiance, comme c'est souvent le cas des manifestants. Manifester c'est parfois un mal nécessaire. Ne serait-ce que pour extérioriser son inquiétude, sa solitude, son incompréhension. Toutefois pour moi, manifester implique plus de responsabilité au niveau moral; et non pas moins. Manifester c'est d'abord le constat d'une impossible concertation. Manifester c'est d'abord pour moi, une violence morale. C'est souvent prendre en otage les autres citoyens non concernés, ou en plein désaccord avec la manifestation, et leur en faire subir les conséquences. Manifester c'est le plus sûr moyen d'appauvrir un pays, et souvent même de maintenir des injustices sociales. Manifester quand on a un travail pour avoir un meilleur salaire, c'est d'abord nier l'existence de chômeurs qui n'ont pas de travail. Manifester pour maintenir un régime spécifique de retraite; c'est d'abord faire payer aux autres citoyens un avantage qu'ils ne possèdent pas. Malheureusement, la plupart des manifestation reviennent à réclamer de l'argent, quand il faudrait réclamer la justice. Manifester c'est souvent demander des subventions, donc faire augmenter les impôts et les charges, sans ce soucier de ceux qui les payent. Il est même fréquent, que ce soient les même qui manifestent pour augmenter les dépenses publiques, qui se plaignent des impôts et taxes excessifs. Faire l'apologie de la manifestation contre le pouvoir comme le fait Stéphane Hessel; je ne crois pas que ce soit la bonne voie pour marcher en toute confiance vers l'avenir.
Pour autant, je ne propose pas comme comportement citoyen, une soumission totale au pouvoir. Je ne crois pas qu'on doive une obéissance systématique au pouvoir pour être un parfait citoyen. Donc lorsque les pouvoir ne prend pas les bonnes décisions, ni les bonnes lois, que puis-je proposer ?
Manifester contre un pouvoir est un mal nécessaire, à chaque fois que ce pouvoir prend des décision qui ne sont pas bonnes, pas justes, pas efficaces. Manifester pour dire son indignation c'est indispensable même si on a tort pour se défouler, pour se sentir libre. Etre libre, c'est aussi refuser l'autorité, même si cette autorité est régulièrement élu. En effet, une élection c'est un chèque en blanc. Les élus, une fois au pouvoir peuvent bien faire ce qu'ils veulent, rien ne les oblige à mettre en oeuvre leur promesses électorales. De plus la façon même dont sont organisées les élections, font que l'on vote pour des personnes ou des partis, avec lesquels on ne partage pas nécessairement toutes les idées. Il est donc bien évident qu'il faut pouvoir exprimer son indignation à propos de sujet précis de gouvernance. Je dirais même qu'une indignation en soi, n'est pas mauvaise moralement. Rien ne permet pour autant de dire que toute indignation est bonne en soi. Il est des indignations qui ne sont que le reflet de son aveuglement, de sa mauvaise foi, de sa peur, de sa méchanceté. Ce livre en faisant la publicité de l'indignation va au delà d'une simple libération d’énergie citoyenne. Car on peut considérer, à partir de ce livre, que quelqu'un qui n'oserait pas s'indigner par principe au pouvoir, par culpabilité morale; perdrait de sa liberté de penser, perdrait de sa citoyenneté.
En faisant la promotion de l'indignation, augmente-t-on la citoyenneté des individus ? Augmente-t-on leur liberté ? Je ne le crois pas. Prenons l'exemple de quelqu'un qui s'indigne contre une décision gouvernementale; et supposons que cette décision soit soutenu majoritairement aussi par la population. Que fait la personne qui manifeste ? Manifeste-t-elle contre le pouvoir et ses représentants, ou manifeste-t-elle contre la majorité de la population ? Une minorité peu, avec juste raison manifester contre l'opinion de la majorité. Mais dans quel cas considérer que cette manifestation sert la société, sert la démocratie, alors même qu'elle s'inscrit contre la majorité ? J'y vois simplement, dans cette indignation, le mépris le l'opinion commune. Ce n'est possible de considérer positivement cette proposition qu'à condition qu'il existerait une catégorie plus subtile, plus apte à diriger le pays, qui ne serait ni les élus, ni la majorités des français. Cette aristocratie serait constituée de gens bien informés, bien éduqués, et qui s'indignerait suffisamment pour trouver le temps, l'envie, les discours unificateurs, pour manifester son mécontentement. Une aristocratie grégaire, dans laquelle chacun reconnaîtrait l'autre. Cette aristocratie me fait peur, et je ne me reconnais pas dedans.
Quel est le critère, admissible par chacun, qui permettrait de juger de la bonne ou de la mauvaise indignation ? Je ne vois pas ce critère nul part dans le propos de Hessel. S'il n'y a pas de critère admissible par chacun, c'est à dire même à ceux qui ne s'indigne pas, même à ceux qui ne ressentent aucune colère aucune injustice;Il faudrait donc considérer qu'à priori, toute indignation est bonne. Il faut donc que tout le monde considère que toute indignation est bonne, même ce qui ne l'indigne pas. Du moment que même quelques personnes sont indignés, toute la société doit considérer cette indignation comme juste. Mais quand est-il alors, de la liberté de penser ? Dans ce livre, il semble que ceux qui ne s'indignent pas sont en faute. Comme sur n'importe quelle décision du gouvernement, il y aura toujours des gens s'indigneront de cette décision, l'ensemble des citoyens qui ne partagent pas cette indignation sont donc en faute.
Les lois sont faites pour garantir la liberté de tous. Sans lois il ne peut pas y avoir de liberté, ni ordre, ni sécurité, ni paix, ni prospérité. Les lois sont indispensables. Les respecter est nécessaire au bon fonctionnement d'une société. Bien évidemment un respect trop tatillon est néfaste. Si on devait en toute rigueur appliquer toute la loi tout le temps, je crois bien que rien ne fonctionnerait plus. Il y a bien un équilibre entre respect de la loi et transgression. La transgression même de la loi, est une condition première de la liberté dans une société. C'est bien parce que je peux transgresser la loi que je suis libre. Mais cette transgression ne doit en aucun cas devenir un devoir ou une obligation, car alors, il n'y aurait plus respect de la loi. Et sans respect de la loi, il n'y a pas de société, donc, pas de liberté. Une société de liberté est donc un dosage entre le respect de la loi, et sa transgression. Sans respect de la loi, pas de loi; et sans loi, pas de société. De même, sans transgression, il n'y a plus de liberté possible. Mais si on fait l'apologie de l'indignation, y-a-t-il encore transgression ? Si on fait l'apologie de l'indignation contre la loi du pouvoir, on fait par là même, l'apologie de la transgression à la loi; donc on perd en liberté. L'indignation n'est source de liberté que si on n'en fait pas l'apologie.
Je crois pour ma part que l'indignation est à combattre. Elle est à combattre non pas à un niveau personnel. Il ne s'agit pas de montrer que s'indigner personnellement est mal, que contester les choix d'un pouvoir régulièrement élu est mal, ou que contester l'opinion majoritaire d'une société est mal. Je dirais qu'il faut combattre, c'est à dire essayer de faire reculer l'indignation. Non pas en la niant, ou en culpabilisant ou en sanctionnant les individus indignés, mais en proposant un fonctionnement différent du mode d'exercice du pouvoir. Je crois que l'indignation, lorsqu'elle est exprimé est à la fois un signe démocratique fort, il est le signe qu'on a affaire à une vrai démocratie; mais aussi, l'indignation est le signe d'un mauvais fonctionnement démocratique.
En effet, si l'indignation est majoritaire dans la population contre le gouvernement, alors c'est que le lien entre les élus et la société n'est pas bon. Si l'indignation est minoritaire dans la population, alors c'est la société qui fonctionne mal; c'est que les français ne se comprennent pas entre eux. Pour ma part, je conclurai en disant qu'il faut ni se lamenter ni se réjouir de l'indignation que la population française peut exprimer contre le pouvoir politique. Je crois qu'il faut réagir à cette indignation, en cherchant à la faire baisser. Je crois que la meilleur voix, est le référendum. Le référendum c'est le mécanisme qui permet de redonner la voix au peuple. Le référendum fait retomber la haine qui naît de l'incompréhension entre les uns et les autres, entre les élus et les citoyens, entre une catégorie de citoyen contre une autre. Le référendum, c'est l'occasion de s'exprimer clairement sur un sujet, de peser réellement, concrètement, en dehors de toute idéalisme et récupération partisane, sur la vie quotidienne. Le référendum c'est la réconciliation entre les différentes communautés qui composent une nation. On voit toute son efficacité dans le pays qui le pratique le plus : la Suisse. La Suisse qui a le taux de manifestation, de grèves, de chômage le plus faible d'Europe, et le niveau et la qualité de vie la plus élevée d'Europe, alors même qu'ils n'ont ni déficit budgétaire, ni éducation pléthorique.
C'est ainsi que lorsque vous sentirez au plus profond de vous la colère monter, parce que les élus ne prennent pas les bonnes décision, n'attendez pas d'être envahi par l'indignation, cultivez l'intelligence, l'optimisme, la paix, la confiance en vous-même et dans la société et réagissez : "Suissez-vous !".
18:39 Publié dans philosophie, politique, syndicalisme | Lien permanent | Commentaires (0)
01/04/2013
Le "système Amazon" fait scandale en Allemagne
Hébergé par ma belle famille, lors d'un week-end, je lis un journal qui traîne par terre; 'le monde', le journal bien connu qui parle sérieusement de politique. 'Le monde', c'est un journal que j'aimais bien lire lorsque j'étais jeune homme. Mais bien vite, je me décourageais de l'acheter car je n'y trouvais pas mon compte. En effet, lorsque je l'achetais, j'avais du temps et l'envie de lire; c'était le plus souvent, le samedi, le dimanche et jours fériés. Ces jours là, l'édition était ridiculement réduite, et j'étais frustré de ne pas y trouver grand chose. Les rares fois où je l'achetais parce qu'il était complet et volumineux, c'était en semaine, et je n'avais ni l'envie, ni le temps de le lire. Je trouvais qu'en temps que consommateur, l'objet journal, était mal étudié. J'avais cette impression floue que je n'étais pas concidéré comme consommateur. Il me paraissait bien évident, que si le journal se souciait de ses lecteurs, il fournirait des éditions complètes les dimanches et jours fériés; des éditions plus volumineuses que les autres jours. Je trouvais donc que le journal se moquait bien de ses lecteurs.
Plusieurs années après, je m'intéressait à de nombreux livres de vulgarisation de philosophie, d'économie, de sociologie. Je lisais le journal lorsque je me rendais à la bibliothèque. Je ne l'achetais plus, et ne lisais que quelques rares articles. Je lisais aussi les autres journaux présents dans les bibliothèques. Ainsi, je me suis mis à lire assez régulièrement quelques articles sur "le monde", mais aussi " le figaro", "libération". Je n'étais toujours pas satisfait de mes lectures. Alors lorsque j'achetais le journal, c'était un journal anglais, espagnol ou allemand. Et là, je trouvais une lecture qui me satisfaisait. Je constatais la différence. Outres des rubriques plus diversifiées, un ton et des sujets plus légers, je ne trouvais pas dans ces autres journaux européens, cet ennui que me procurait la lecture des journaux en France. J'en identifiais l'origine. En France malheureusement, les journaux ne cherchent pas à séduire les lecteurs, à leur donner envie d'acheter le journal, à procurer du plaisir, du divertissement. Le journal devient un exercice de service d'un parti politique, d'une idéologie. Et ça, c'est insupportable.
Me voilà donc chez ma belle famille avec ce journal dans les mains. Je me dis que je vais bien trouver quelques articles intéressants. J'en trouve, je suis même étonné dans un premier temps, de ne pas trouver d'article tendancieux, partisans. Je le trouve trop triste et sérieux malgré tout pour redevenir un lecteur occasionnel. Puis enfin, je trouve cet article tendancieux, tant représentatif de cet état d'esprit que je déteste. Le titre de l'article, c'est : Le "système Amazon" fait scandale en Allemagne.
Dans cet article, le journaliste parle de l'exploitation des travailleurs en Allemagne. Il y trouve le scandale de trop nombreux intérimaire embauchés seulement pour le mois de décembre. On aimerait bien en France en avoir autant, mais probablement, ce journaliste ne doit pas savoir à quel point de nombreuses personnes en France serait contente de travailler ne serait-ce que durant un mois. Tout ça pour dire que Amazon c'est le méchant qui n'embauche pas en C.D.I.. Probablement le journaliste ne sait pas que les achats par correspondance de petits objets qui peuvent facilement constituer des cadeaux, connaissent un pic important d'activité au moment des fêtes de fin d'année. Le journaliste trouve les bus pour se rendre au travail chez Amozon, bondés. Probablement ce journaliste n'a jamais pris les transports en commun en région parisienne pour aller travailler, ce qui est étonnant pour quelqu'un qui travaille pour un journal situé en région parisienne. Ce journaliste s'indigne des logement précaires dont bénéficient ces travailleurs saisonniers. Probablement ne sait-il pas qu'en France, les travailleurs saisonniers, ne bénéficient souvent même pas d'un logement mis gratuitement à leur disposition par l'employeur. Le journaliste s'indigne que les salaires de ces saisonniers sont faibles. Il semblerait d'aprés le journaliste, qu'un bon chef d'entreprise doive payer un personnel sans qualification, aussi cher que du personnel qualifié. Le summum de l'indignation atteinte par le journaliste porte sur la marque des sweat-shirts portés par les agents de sécurité de l'entreprise : la même que celle affectionnée par certains groupuscules nazis. Alors comme tout ça est rapporté d'Allemagne, c'est à dire que l'indignation citée dans l'article, ne semble pas être celle du journaliste du Monde, mais celle des médias en Allemagne; le contenu de l'article parait impartial. A la lecture de cet article, si on ne fait pas attention, on n'arrive à la conclusion qu'en France, on a de la chance d'avoir un système social qui n'autorise pas de telles dérives. Ou tout au moins, on se dit que l'Allemagne qui est porté comme modèle social et économique, ne fonctionne pas mieux que la France; et finalement qu'il est tout aussi difficile d'être pauvre en Allemagne qu'en France.
J'aime bien l'Allemagne, j'y ai passé plusieurs vacances, j'ai appris un peu la langue. Je sais que les Allemands ne sont pas indignés pas cette pauvreté. Ils savent qu'elle existent, ils savent que le travail n'est pas facile pour tout le monde. Ils admettent que tout le monde ne peut pas prétendre de la même façon aux même salaire. Parce que chacun n'est pas disponible de la même façon, parce que chacun n'a pas la même formation, parce que chacun n'a pas la même santé physique ou mental, parce que chacun a ses priorités qui ne sont pas toujours valorisable immédiatement et directement: la famille, la région, les études(liste non exhaustive). Les Allemands savent, ce que les Français se complaisent d'ignorer : c'est que la justice social, n'est pas le fait des entrepreneurs, mais de l'état, des régions, des communes. En France on a construit une société de la pénurie d'emploi, en faisant peser trop de contraintes pour les entrepreneurs.
Je ne suis auto entrepreneur que depuis un peu plus d'un an. Ce travail de brocanteur que je fais avec ma compagne, je l'ai appris sur le tas. Il n'existe pas de formation pour ce travail. Lorsque j'ai commencé à travailler, j'éstime mon salaire à 3 euros de l'heure. Aujourd'hui je pense gagner environ 6 euros de l'heure. C'est une estimation difficile à préciser puisque je me sers de mon domicile et de mon véhicule personnel comme outils de travail; et qu'il n'est pas toujours évident de dire si une activité est professionnel, ou si je me fais seulement plaisir. Si j'habitais l'Allemagne, comme mon activité augmente, je pourrais envisager d'embaucher quelqu'un en lui proposant 3 euros de l'heure, et une évolution à 6 euros de l'heure sur un an. Je pourrais donc envisager d'emaucher quelqu'un. Parce que, ce que j'ai réussi à apprendre et à faire en un an, je peux me dire que quelqu'un d'autre que je pourrais embaucher y arriverai. Outre le gain d'argent éventuel que ça pourrait m'apporter, l'emploi crée; ça permettrait de péréniser l'activité. En effet, une partie de mon activié est physiquement difficile. Comme je vieillis, il est possible, que bien avant d'être à la retraite, je doive abandonner mon activité. Dans ce cas, si je n'ai embauché personne, je devrai cesser l'activité de mon entreprise. Ce serait bien dommage, car avec la cessation de cette activité c'est l'accumulation d'une expérience et de capital qui se perdrait. Mon entreprise, même si elle est petite, elle fonctionne bien, et elle résulte, d'une accumulation progressive, d'outils, de savoirs faire, de connaissance, de relations commerciales, de fournisseurs, de capital. C'est cette accumulation inlassable qui produit la performance économique, et par lui suite la création d'emplois non subventionnés et des recettes fiscales supplémentaires. Comme en France, je suis obligé de payer un employé, même s'il ne sait rien faire, au Smig, je ne peux pas l'embaucher sans perdre de l'argent. Je ne prendrais pas ce risque, même si mon salaire continuera d'augmenter un peu.
Pour embaucher sans perdre de l'argent, il me faudrait bénéficier d'aides. Ces aides auraient pour inconvéniants de susciter ou des impôts nouveaux, ou des déficites publics nouveaux. Ces aides si je les sollicitais un jour me mettraient dans l'obligation d'accomplir une performance difficile : c'est que le personne que j'aurais selectionnée reste définitivement dans mon entreprise. Or, il peut s'averer qu'une personne qui semble motivée et compétente ne le devienne pas, ou bien qu'une personne qui est compétente cherche un meilleur salaire ailleurs. Dans ces cas, il faudrait que les aides soient reconduites autant de fois que nécessaires, jusqu'à ce que je trouve la bonne personne. Ce serait beaucoup d'argent publics gaspillés pour pas grand chose. D'après ce que j'ai compris ce ne serait pas possible, il faudrait que ça marche du premier coup. Je crois que j'ai de bonnes qualité d'entrepreneur, mais je ne crois pas être doué au point de pouvoir pronostiquer une réussite certaine pour une telle opération. Le deuxième solution, c'est celle qu'utilisent certains patrons : les stages et les heures pas payées. Mais je refuse de jouer avec la loi de cette façon. Il me semble assez évident, que même si, comme je le crois, je vais encore progresser dans mon activité de travailleur indépendant, je ne passerais, pas au stade de la petite entreprise; je ne créerais donc probablement pas d'emploi.
Pour créer une société de plein emploi, c'est à dire 80% des 16-67 ans au travail; il faudrait créer en France, entre cinq et dix millions d'emplois. Et ce n'est pas en plongeant les comptes publics dans des défficits récurrents, qui créent ou maintiennent tout au plus 0.5 à 1 million d'emplois qu'on s'en sortira.
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