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démocratie directe - Page 5

  • Le politique Punk

    Il y deux semaines, il y a eu un référendum en Nouvelle Calédonie. La question est celle d'une indépendance ou d'un rattachement à la France. Ce référendum vient trente ans après de sanglants affrontements entre Kanaks(les habitants originaires de l’île) et l'état français. Le résultat est conforme à celui attendu, c'est à dire à un rattachement à la France; mais il déçoit les partisans du rattachement à la France, qui eux espéraient un plus large score. En fait en étudiant la géographie des votes, il est facile de s'apercevoir que les Kanaks ont voté pour l'indépendance(mais ils sont minoritaires), les autres ont voté pour le rattachement à la France. Il y a partition de la société calédonienne.

    J'ai été déçu du peu d'intérêt que ce vote a suscité, du peu de nombres de commentaires politique, médiatique et intellectuelle, et de la pauvreté des commentaires. Je n'ai entendu aucune proposition politique qui réponde à cette insuffisance de voix. Aucune véritable réflexion, aucun véritable intérêt; cet événement est pourtant important pour chaque français, car il nous parle de ce que veut dire être français aujourd'hui,  être citoyen aujourd'hui, cet événement nous parle du lien qui nous unis à travers les distances. Cet événement a été traité par les médias, par les politiciens, par les intellectuels comme un banal fait divers; bref comme une simple information.

    Puisque je n'ai entendu aucun commentaire digne de ce nom, je rends grâce à ce merveilleux outil de publication en ligne qu'est internet. Je peux ainsi énoncer, et je le souhaite, partager mon idée, mon sentiment, mon opinion sur ce référendum. Je n'écris pas cet article par plaisir, car je suis las d'écrire un peu toujours la même chose, et je n'aime pas écrire. De plus je n'obtiens, tout au moins en apparence, aucune réponse intéressante ou productive, voir pas de réponse du tout, pas de popularité non plus. Mais je me sentirais un lâche de me taire. Voilà donc ma réponse à cet événement passé à la trappe du spectacle médiatico politique.

    Tout d'abord je distingue la politique qui consiste en une gestion technocratique des problèmes, de celle qui désigne le type et la qualité des relations des citoyens entre eux, et des citoyens et de leurs représentants politiques. Il est bien clair que dans le cas de la Nouvelle Calédonie, les Kanaks ne se sentent pas représentés au niveau politique; et ainsi ont-ils voté pour l'indépendance. Pour les tenants d'une large victoire au référendum, c'est l'idée de faire taire l'opposition autochtone dans une attitude impérialiste, méprisante ou indifférent.

    La deuxième idées qui semble évidente c'est le lien avec les autres territoires d'outre mer auxquels j'y rajouterais la Corse. Un vrai travail politique consisterait à les réunir, et voir avec eux ce qui peut être fait, pour que l'éloignement puisse être vécu sereinement; pour que cette diversité et cette différence de la métropole à ces lieux distants puissent être une source d'enrichissement, de bien être, et non pas d'empêchement et de crispations. Ce travail n'a été fait ni par le gouvernement ni par aucun parti d'opposition, ni par les médias, ni par les intellectuels. Nulle doute que si ce travail avait été fait il aurait abouti à la nécessaire décentralisation de l'état au profit des régions, pour leur permettre un développement administratif , économique, culturel et éducatif . Le malaise actuel n'est pas prêt de disparaître.

    A la radio j'entends le commentaire d'une députée qui m'écorche l'oreille : elle parle à propos du mouvement des gilets jaunes, de "contestation démocratique". Moi, je sais bien ce que c'est qu'une contestation minoritaire, une contestation majoritaire, une contestation populaire, une contestation élitiste. Mais je ne sais pas ce que c'est qu'une contestation démocratique. Je sais par contre que le mode démocratique est un mode de gouvernance politique qui fait toute sa place aux non spécialistes, au public, en leur donnant accès aux informations et aux décisions qu'ils pourraient prendre ou dont ils voudraient se saisir. Et ce mode de gouvernance est inconnu en France. Nous vivons dans une république monarchique et je suis bien heureux que de nombreux commentateurs le soulignent, et bien agacé que ça ne génère aucun programme politique ou action contestatrice; ni de partis politiques, ni de syndicats, ni d'intellectuels, ni d'églises, ni d'aucune association d'aucune sorte.

    En l’occurrence dans le cas qui nous occupe aujourd'hui : les gilets jaune ont besoin d'un gouvernement agressif envers ses citoyens pour eux aussi agresser à leur tour les autres citoyen. Ce masochisme collectif m'ennuie profondément.

    Cette déficience d'aptitude à la décision collective, digne d'un pays moyennement développé, dont la responsabilité échoit à beaucoup de monde dans ce pays; ne permet pas d'envisager sereinement l'avenir. Ainsi puis-je reprendre le slogan des punks : Le discours Politique en France = no future.

  • Secret des affaires

    La loi sur le secret des affaires est la dernière loi qui fait polémique. Le parlement français entérine une loi votée au parlement européen. 

    Sur les articles que j'ai pu lire ou entendre, il y est question de restriction de liberté pour les journalistes, les lanceurs d'alerte ou les associations écologiques ou de consommateurs. Il y a une réelle inquiétude, bien médiatisée : Je la partage. J'y vois moi aussi une atteinte à la liberté d'expression. Et je ne crois pas que ce soit en muselant les gens, en les empêchant de parler qu'on crée une société où il y fait bon vivre. Le but de cette loi est de rendre la vie plus confortable à une élite économique et politique, elle est discriminatoire, elle produira ses effets aux dépends des citoyens.

    La deuxième chose que je trouve ce sont des lettres ouvertes de personnalités plus ou moins connues qui demandent au président de la république de ne pas faire voter cette loi. Écrites sur un ton implorant, elles visent à émouvoir, à raisonner le chef de l'état. J'ai le sentiment en les lisant; de voir un groupe de serviteurs qui s'agenouille devant un monarque. C'est se rabaisser que d'écrire cette prose, c'est humilier les français que de les inviter à se courber ainsi devant une personne, et c'est consacrer au chef de l'état l'autorité suprême qu'il convoite. Je trouve cette attitude déplacée et choquante. J'invite chacun à relire ce court texte de La Boétie sur la servitude volontaire.

    En troisième je trouve une opposition qui vote contre...mais qui ne propose rien d'autre en contrepartie ! La France fait partie de l'Europe, il n'y a pas à le déplorer même quand une mauvaise loi a été voté; mais il ne suffit pas de voter contre. Pour qu'il y ait action politique il faut proposer des valeurs aux citoyens qui pourraient faire consensus à l'avenir. Le fait d'être contre une loi, ne produit pas une valeur, une opinion susceptible de structurer la société. C'est une loi du pouvoir qui n'a que le pouvoir pour fin. C'est un pouvoir qui se regarde dans le miroir en admirant ses muscles. Cette loi pousse les élites a plus de narcissisme, à plus de mépris pour les citoyens; et les citoyens à plus de dévalorisation d'eux-mêmes. Elle ne peut que renforcer les citoyens dans la méfiance, la soumission, le pessimisme, la colère : cette loi fracture plus profondément la société qu'elle ne l'est déjà. 

    Lorsque j'écoute les gens, j'ai le sentiment que la politique en France se limite à une somme de décisions administratives ou économiques, patinée par une communication plus ou moins bluffante et d'intérêts stratégiques. Cette vision technocratique et jacobine ne me satisfait pas.  

    Le premier argument à valoriser me semble être économique. Cette loi pour favoriser le secret des affaires : de combien d'emplois on parle ? Pour ce que je connais de la politique et de l'économie, c'est l'Amérique qui a le droit sur le secret des affaires le plus ancien et le plus sévère. L'Amérique est depuis plusieurs décennies, l'économie la plus déficitaire de la planète. Comment croire qu'une telle loi serait efficace ? Je n'ai ni entendu ni lu aucun économiste, qui visiblement n'ont pas été ni consultés ni écoutés. Il n'y a eu aucun débat sur son efficacité, ni sur une évaluation postérieure.

    L'argument politique, qui semble le plus consistant c'est celui d'une collusion entre les élites politiques françaises et européennes et le monde des grandes entreprises. La contre proposition serait de développer une politique de la transparence : exiger que les politiciens européens et français rendent des comptes plus précis sur les activités, leurs liens personnels familiaux, amicaux avec le monde des entreprises.

    Qui dit secret dit irresponsabilité. Il il faut que les citoyens puissent juger les élites. Il faut interdire que d'anciens haut fonctionnaire et politiciens français ou européens se reconvertissent dans les affaires en profitant de leur réseaux de relations. Cette loi sur le secret des affaires marque un mépris évident de la classe politique européenne et française pour les citoyens.

    Ce qui m'inquiète, ce qui me semble important ou ce qui m'excite en politique; ce n'est pas le nombre ou l'importance des manifestations; ce n'est pas le score aux élections; toutes choses qui sont abondamment commentées. Ce qui m’intéresse, ce qui m'inspire, ce qui me fait vibrer; c'est le silence, l'apathie, l’absence de réflexion, de discours et de réaction des français ou de leurs élites. Ce silence me dit plus que le bruit publique que chacun peut faire. Une bonne politique est une politique qui réuni et renforce, pas une politique qui divise et affaibli la société.

    La violence morale, actuellement utilisée en politique, ne permet que de distinguer le premier du suivant; le plus fort du plus faible; elle ne fait pas société; elle est la négation même du vivre ensemble.

     

     

  • Ah, le bon chocolat !

    En Suède, une ministre a démissionné pour avoir utilisé sa carte de crédit de parlementaire pour s'offrir deux tablettes de chocolat. Une fois cette affaire diffusée par la presse, elle ne lui a plus été possible de continuer son mandat car les suédois ont eu le sentiment d'être volé.

    Pour le moins, en France, on agit pas de la même façon. Les hommes et femmes politiques français croulent sous les détournements de fonds publics, sans y prêter beaucoup d'attention. Il est bien clair que pour ces individus, l'état leur appartient. A aucun moment ils ne culpabilisent ou ne quittent leurs mandats. Bien au contraire, certains s'en vantent, quand d'autres ne font que des excuses formelles. On reste dans cette pensée, exprimée par le porte voix de Sarkozy : si t'as pas ta Rollex à 50 ans, t'es un raté !

    Les français ne s'en formalisent pas plus que ça. Il est bien évident qu'il y a une forte différence de mentalité entre les suédois et les français, et ce n'est pas à l'avantage de ces derniers. Si on en arrive à ce point de passivité des français à l'égard de ce comportement, c'est qu'ils considèrent que l'état, ce n'est pas eux. Pour les français, l'état, c'est les autres, l'état, c'est les élus, l'état c'est les élites. Quand un homme politique détourne des sommes conséquentes, la plupart des français ne se sentent pas volés contrairement aux scandinaves. 

    Faudrait pas non plus que les français se plaignent d'avoir les poches vides, après autant d'inaction et de complaisance avec leurs élites.