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démocratie directe - Page 5

  • Affaire Benalla : un impensé politique

    L'affaire Benalla n'occupant plus l'actualité, je peux dire mon agacement et ma déception sur le sujet. Agacement et déception du monde politique, médiatique, intellectuel français. Le niveau de bruit médiatique que cette affaire a produit n'a d'égal que la médiocrité de sa réponse politique, médiatique et intellectuelle. 

    Petit rappel des faits : un employé du service de sécurité du président français, pris sur le vif en vidéo, frappe un couple d'individu en marge d'une manifestation, alors qu'il n'avait, de par ses fonctions, rien à y faire. Deuxième temps de cet affaire, le président essaie de camoufler les faits, sans succès : les masques finissent par tomber, après des mensonges et des silences pesants. 

    Pour penser véritablement cette affaire, il faut s'interroger sur les conditions de la production de cette vidéo : elle a été mise à la disposition des services ordinaires de police, puis diffusé illégalement vers le public français. Les services chargés de l'examen de ce genre d'informations, concernent environ 150 personnes, ces fonctionnaires tenus au secret, doivent veiller au bon fonctionnement de l'administration. Une personne, parmi ces fonctionnaires chargés d'examiner ces informations, a du trahir son service et la loi pour faire le métier pour lequel il est payé : c'est à dire de s'assurer du bon fonctionnement de l'administration. 

    La réponse politique à cette situation, qui aurait du être produite paraît évidente : il faut changer la loi, il faut que les informations qui mettent en cause l'intégrité des fonctionnaires soient consultables par tous les français. La démocratie implique un contrôle de l'état, et donc l'accès aux informations qu'il utilise, par les citoyens. L'émotion qu'a suscite cette affaire n'est pas anodine : elle indique qu'il y a un décalage entre les attentes de transparence et de contrôle démocratique des français et la pratique gouvernementale actuelle. Le véritable travail en politique est d'accompagner ou de faire émerger des valeurs nouvelles autour desquelles les individus peuvent se reconnaître. En travaillant sur cette proposition, on est au coeur de la politique, c'est à dire, de la qualité du lien entre les électeurs et les élus, et donc entre les citoyens et la société. Il s'agit d'un travail politique qui produit une identification du citoyen à la société, un bien être, une responsabilité et une confiance réciproque. Ce travail n'ayant pas été fait, on va donc entendre encore souvent parler de fracture de la société française, de colère populaire, de populisme. 

    En ne dénonçant qu'une utilisation trop personnelle de l'état par le président, Le monde politique, médiatique et intellectuel français est resté faible : la relation entre les électeurs et les élus ne s'améliore pas. Dans un monde où la coopération, la compétition et la comparaison entre les nations est la règle, cette faiblesse de pensée et d'action est pénalisante. Je crois que la France vaut mieux que ce que ses élites politiques, médiatiques et intellectuelles françaises en font actuellement. 

  • Secret des affaires

    La loi sur le secret des affaires est la dernière loi qui fait polémique. Le parlement français entérine une loi votée au parlement européen. 

    Sur les articles que j'ai pu lire ou entendre, il y est question de restriction de liberté pour les journalistes, les lanceurs d'alerte ou les associations écologiques ou de consommateurs. Il y a une réelle inquiétude, bien médiatisée : Je la partage. J'y vois moi aussi une atteinte à la liberté d'expression. Et je ne crois pas que ce soit en muselant les gens, en les empêchant de parler qu'on crée une société où il y fait bon vivre. Le but de cette loi est de rendre la vie plus confortable à une élite économique et politique, elle est discriminatoire, elle produira ses effets aux dépends des citoyens.

    La deuxième chose que je trouve ce sont des lettres ouvertes de personnalités plus ou moins connues qui demandent au président de la république de ne pas faire voter cette loi. Écrites sur un ton implorant, elles visent à émouvoir, à raisonner le chef de l'état. J'ai le sentiment en les lisant; de voir un groupe de serviteurs qui s'agenouille devant un monarque. C'est se rabaisser que d'écrire cette prose, c'est humilier les français que de les inviter à se courber ainsi devant une personne, et c'est consacrer au chef de l'état l'autorité suprême qu'il convoite. Je trouve cette attitude déplacée et choquante. J'invite chacun à relire ce court texte de La Boétie sur la servitude volontaire.

    En troisième je trouve une opposition qui vote contre...mais qui ne propose rien d'autre en contrepartie ! La France fait partie de l'Europe, il n'y a pas à le déplorer même quand une mauvaise loi a été voté; mais il ne suffit pas de voter contre. Pour qu'il y ait action politique il faut proposer des valeurs aux citoyens qui pourraient faire consensus à l'avenir. Le fait d'être contre une loi, ne produit pas une valeur, une opinion susceptible de structurer la société. C'est une loi du pouvoir qui n'a que le pouvoir pour fin. C'est un pouvoir qui se regarde dans le miroir en admirant ses muscles. Cette loi pousse les élites a plus de narcissisme, à plus de mépris pour les citoyens; et les citoyens à plus de dévalorisation d'eux-mêmes. Elle ne peut que renforcer les citoyens dans la méfiance, la soumission, le pessimisme, la colère : cette loi fracture plus profondément la société qu'elle ne l'est déjà. 

    Lorsque j'écoute les gens, j'ai le sentiment que la politique en France se limite à une somme de décisions administratives ou économiques, patinée par une communication plus ou moins bluffante et d'intérêts stratégiques. Cette vision technocratique et jacobine ne me satisfait pas.  

    Le premier argument à valoriser me semble être économique. Cette loi pour favoriser le secret des affaires : de combien d'emplois on parle ? Pour ce que je connais de la politique et de l'économie, c'est l'Amérique qui a le droit sur le secret des affaires le plus ancien et le plus sévère. L'Amérique est depuis plusieurs décennies, l'économie la plus déficitaire de la planète. Comment croire qu'une telle loi serait efficace ? Je n'ai ni entendu ni lu aucun économiste, qui visiblement n'ont pas été ni consultés ni écoutés. Il n'y a eu aucun débat sur son efficacité, ni sur une évaluation postérieure.

    L'argument politique, qui semble le plus consistant c'est celui d'une collusion entre les élites politiques françaises et européennes et le monde des grandes entreprises. La contre proposition serait de développer une politique de la transparence : exiger que les politiciens européens et français rendent des comptes plus précis sur les activités, leurs liens personnels familiaux, amicaux avec le monde des entreprises.

    Qui dit secret dit irresponsabilité. Il il faut que les citoyens puissent juger les élites. Il faut interdire que d'anciens haut fonctionnaire et politiciens français ou européens se reconvertissent dans les affaires en profitant de leur réseaux de relations. Cette loi sur le secret des affaires marque un mépris évident de la classe politique européenne et française pour les citoyens.

    Ce qui m'inquiète, ce qui me semble important ou ce qui m'excite en politique; ce n'est pas le nombre ou l'importance des manifestations; ce n'est pas le score aux élections; toutes choses qui sont abondamment commentées. Ce qui m’intéresse, ce qui m'inspire, ce qui me fait vibrer; c'est le silence, l'apathie, l’absence de réflexion, de discours et de réaction des français ou de leurs élites. Ce silence me dit plus que le bruit publique que chacun peut faire. Une bonne politique est une politique qui réuni et renforce, pas une politique qui divise et affaibli la société.

    La violence morale, actuellement utilisée en politique, ne permet que de distinguer le premier du suivant; le plus fort du plus faible; elle ne fait pas société; elle est la négation même du vivre ensemble.

     

     

  • Ah, le bon chocolat !

    En Suède, une ministre a démissionné pour avoir utilisé sa carte de crédit de parlementaire pour s'offrir deux tablettes de chocolat. Une fois cette affaire diffusée par la presse, elle ne lui a plus été possible de continuer son mandat car les suédois ont eu le sentiment d'être volé.

    Pour le moins, en France, on agit pas de la même façon. Les hommes et femmes politiques français croulent sous les détournements de fonds publics, sans y prêter beaucoup d'attention. Il est bien clair que pour ces individus, l'état leur appartient. A aucun moment ils ne culpabilisent ou ne quittent leurs mandats. Bien au contraire, certains s'en vantent, quand d'autres ne font que des excuses formelles. On reste dans cette pensée, exprimée par le porte voix de Sarkozy : si t'as pas ta Rollex à 50 ans, t'es un raté !

    Les français ne s'en formalisent pas plus que ça. Il est bien évident qu'il y a une forte différence de mentalité entre les suédois et les français, et ce n'est pas à l'avantage de ces derniers. Si on en arrive à ce point de passivité des français à l'égard de ce comportement, c'est qu'ils considèrent que l'état, ce n'est pas eux. Pour les français, l'état, c'est les autres, l'état, c'est les élus, l'état c'est les élites. Quand un homme politique détourne des sommes conséquentes, la plupart des français ne se sentent pas volés contrairement aux scandinaves. 

    Faudrait pas non plus que les français se plaignent d'avoir les poches vides, après autant d'inaction et de complaisance avec leurs élites.