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politique - Page 7

  • recyclage

    Je me rends à un stage pour recycler des meubles. Ce stage est organisé par le service de recyclage des déchets de la communauté d'agglomération de commune dans laquelle je vis.

    Nous sommes six stagiaires. Pour une durée d'une matinée, nous apprenons à repeindre des petits objets en faisant des patines. Il y a une formatrice, qui nous fournit le matériel, et nous explique comment procéder, il y a deux employées du syndicat de retraitement des déchets, l'une qui est là toute la matinée, l'autre qui ne vient qu'une petite heure. Moi je suis venu par curiosité, étant donné le métier de brocanteur que j'exerce depuis presque un an, je suis amené à réparer, relooker de nombreux meubles; j'estime avoir encore beaucoup de chose à apprendre, même si je ne me fais pas trop d'illusions sur ce que je vais apprendre en arrivant le matin à ce stage.

    Mon expérience de brocanteur m'a amené dans les décharges, car j'y jette pas mal de vieux meubles que je n'arrive pas à réparer ou à vendre, et toute sorte de déchets de bricolage. J'ai bien sûr demandé à la déchèterie où je vais si je pouvais récupérer des meubles, ou s'ils pouvaient me mettre de côté les objets qui pourraient m'intéresser. Les employés m'ont répondu qu'ils n'étaient pas autoriser à faire ça par le règlement du syndicat. A ma connaissance, il en est de même dans les autres décharges. Nous voilà, nous, brocanteur, dans une situation bien embarrassante, puisqu'on ne peut récupérer des objets dont on pourrait faire commerce, des objets qu'on pourrait réparer.

    Le discours que j'écoute de la part de l'employée est édifiant. Elle invoque l'union européenne qui aurait déclaré l'année ou la semaine du recyclage, puis insiste sur l'importance de diminuer les déchets. Je trouve ce discours symptomatique d'une mentalité française passéiste. Le bien(recyclage) vient d'en haut(union européenne); alors qu'il était simple de dire que chacun aujourd'hui est concerné, le bien vient des gens(la France d'en bas). Ce stage est là pour nous aider à recycler, ajoute elle, et à cet effet, on va apprendre à faire une patine. Bon, mon expérience de brocanteur m'a amené à constater que bien souvent les meubles sont jetés parce que les gens déménagent, ou se débarrassent d'un meuble parce qu'ils en ont achetés d'autres qui leur conviennent mieux, ou bien parce qu'ils sont cassés. L'employée du syndicat de traitement des déchets qui veut nous dire l'importance du recyclage ne nous dit rien sur la récupération de ces meubles une fois qu'ils sont jetés; ni sur la réparation lorsqu'ils sont cassés. Pourtant, il me semble que c'est bien là, qu'il serait intéressant de faire quelque chose. Je prends donc la parole et l'interroge sur le fait que les employés de la décharge refusent de me mettre de côté des meubles que je pourrais rénover. Visiblement prise de court, et pas intéressée par ma question, elle me répond que ce n'est pas possible parce que c'est un règlement international.

    Lorsque la deuxième employée du syndicat de retraitement vient pour voir si tout se passe bien; je l'interroge à son tour, en lui demandant des explication sur le refus des employés du syndicat de sélectionner les objets qui pourraient avoir une valeur commerciale, et éviter leur destruction prématurée. Elle a l'air un peu préparée, et me fait une réponse plus détaillée. Elle me déclare que jusqu'à présent, la totalité du bois, y compris les meubles en bon usage étaient traitée par Véolia, qui sous-traitait le recyclage du bois à une entreprise locale de transformation de bois. Comme cette entreprise venait de faire faillite, Véolia était réticente à prendre les déchets de bois, et donc le syndicat envisageait de travailler avec Emmaüs, pour recycler certain objets.

    J'ai retrouvé dans son discours tous les travers de l'économie française. Au lieu de travailler avec des brocanteurs du coin, des dépôts ventes locaux; et ainsi les faires travailler en recyclant plus de déchets, et en maintenant un maximum d'emplois sur place; le syndicat de retraitement des déchets préfère s'adresser à de grande entreprises et associations nationales(Véolia et Emmaüs). Ce qui crée moins d'emplois, et qui crée plus de déchets. Je retrouve ce défaut bien français de faire travailler de grandes entreprises et de nier les petites. Il est bien possible que l'entreprise qui localement recyclait les déchets de bois n'aurait pas fait faillite si le syndicat avait travaillé directement avec elle, au lieu de passer par une multinationale français, qui c'est bien connu, écrasent leur sous-traitant et perdent des emplois, avec moins d'efficacité dans l'action.

    Cette employée m'explique que ce n'est pas possible de travailler comme je le propose car ça demanderait de la place, et que les décharges n'en n'on pas. C'est un propos absurde pour ce qui concerne la décharge où je vais, car outre qu'il y a un peu de place disponible, elle est située suffisamment à l'écart de la ville pour pouvoir être agrandi, car les terrains environnants ne sont pas construits. C'est aussi un propos incomplet, car quand on entreprend un projet industriel, on doit toujours se poser la question du retour sur investissement, ce qu'elle n'a pas fait.

    Finalement, pour améliorer le recyclage, le syndicat a dépensé de l'argent pour organiser ce stage(trois encadrant pour six stagiaire !); mais n'a pas pris les décisions qui auraient permis d'économiser de l'argent, de créer des emplois, et qui auraient diminué les déchets. On ne peut pas accuser seulement le gouvernement pour dire que l'économie va mal en France, on ne peut pas accuser tel ou tel parti politique, car le syndicat de retraitement des déchets regroupe des dizaine de commune, qu'il représente les principales sensibilités politiques et qu'il est souverain dans ses décisions. Ce discours et ces choix du syndicat n'ont suscités aucune réaction des stagiaires présents. Maintenant je peux conclure, en disant que si la France va mal : c'est parce que les élus locaux le veulent bien !

  • Elections, piège à cons ?

    Je me suis rendu, comme de nombreux français, aux urnes; pour me prononcer sur le mandat d'un député dans ma circonscription. Il faut dire que je partage ma vie familiale depuis peu, avec une femme qui reconnaît éprouver des frissons lorsqu'elle vote. Pour elle, comme pour de nombreux français, voter est un acte citoyen, et il ne peut être question de déroger à ce devoir pour lequel certains sont morts, déclare-t-elle.

    Ce discours moralisateur est convenu; ce n'est pas la première fois que je l'entends, mais c'est la première fois qu'il me casse les pieds à ce point. C'est la troisième fois que je me rends au bureau de vote en quelques semaines. De fait, j'ai autant voté ces deux derniers mois, que ces quinze dernières années. Je vais donc tenter d'expliquer en quelques lignes, en quoi voter en France, finalement, n'est pas un acte citoyen.

    Tout d'abord ma sensibilité. Car je crois que pour voter, il faut écouter non pas sa raison, mais ses sentiments. J'éprouve, et ce, invariablement depuis mes dix-huit ans(je fais 50 ans cette année), un sentiment de profond accomplissement lorsque je suis allé voter. Une fois le vote accompli, je me dis que ça suffit comme ça, que je ne suis pas payé pour perdre mon temps, puis j'attends et j'entends que les élus fassent leur boulot. Mais ce serait trop simple dans ce beau pays qu'est la France; car lorsqu'on a voté une fois, on a encore rien fait; il faut y retourner une deuxième fois.

    Pour le deuxième tours, deux cas possibles : le candidat choisi est présent au second tour; ou bien il ne l'est pas. S'il est présent au second tour, alors mon vote du premier tour n'aura pas suffit, il faut encore reconduire le geste. Comme si le premier geste n'était pas le bon, comme s'il y avait un doute sur mon choix; comme si je ne comptais pas. Je me sens bafoué et humilié, pris dans un engrenage administratif Kafkaïen. Mon effort sera-t-il pris en compte ? Seulement en cas de victoire de mon champion; dans le cas contraire, je me suis déplacé deux fois pour rien. Dans le cas ou j'ai voté pour quelqu'un qui n'est pas présent au présent au second tour; alors la aussi, je me sens désavoué, non seulement mon vote n'est pas pris en compte, mais en plus il faut que je me déplace pour voter pour quelqu'un en qui je ne crois pas, quelqu'un qui ne me plaît pas. Me voilà donc doublement démotivé, doublement désavoué.

    Alors je trouve ce discours sur le devoir d'aller voter injuste et idiot. En me déplaçant autant de fois pour rien, je cautionne, un fonctionnement défectueux du système électoral. En effet, en plus de ce système à deux tours, qui rend le discours creux et manichéen(il n'y a en final, qu'un vainqueur et un vaincu; et donc, il n'existe qu'un gentil et un méchant); il y a d'autres inconvénients que la multiplication des déplacements.

    Le second inconvénient de ce système de vote, est d'éliminer les minorités. Les minorités qui ne trouvent pas un arrangement avec l'un des deux grands partis français se trouvent marginalisées, sans représentant à l'assemblée nationale. Or le principe fondamental de la démocratie est de respecter l'opinion de chacun, quelle quelle soit. Et quel est le respect qu'on porte à une minorité de français qui ne trouvent pas leurs représentants à l'assemblée nationale ? Aller voter dans les conditions actuelles; c'est cautionner un système qui élimine systématiquement les minorités d'opinion.

    Troisième inconvénient du système de vote actuel; c'est que l'on vote pour des individus et pour des partis politiques. Pour beaucoup, ça semble merveilleux. Moi je ne m'en contente pas; suis-je au fond, si difficile ? Voter uniquement pour des individus et des partis, moi je vois un système qui me spolie de mes responsabilités de citoyen; puisque une fois au pouvoir, les élus peuvent bien faire ce qu'ils veulent. Outre le fait qu'aucun parti dans ce beau pays qu'est la France, ne représente complètement mes opinions, mais en plus, une fois l'élection passée, me voilà dépossédé de mes responsabilités citoyennes. Je suis condamné, à seulement pouvoir m'opposer en pétitionnant, en manifestant ou en faisant grève.

    Comme ces actions m'ennuient; me voilà bien désolé d'être français. Alors je rêve; je rêve d'un pays ou un seul tour est suffisant pour élire un élu, où les minorités sont représentées, et qu'en même temps qu'on vote pour des individus et des partis, on vote pour des lois. Je rêve d'un système où le président est élu par l'assemblée et non par les français.

    Avec un tel système, je ne me serais déplacé qu'une seule fois; avec la certitude que mon vote serait entendu. Je ne cultiverais pas l'amertume, et je ne verrais pas défiler, dans les mois qui viennent; des millions de français dans les rues, qui, tout comme les grecs, ou les espagnols; démontrent; dans un effort pitoyable, leur citoyenneté, par ce qu'ils n'ont pas été représenté dans les assemblées, ou parce qu'ils n'ont pas eu leur mot à dire sur des décisions précises les concernant.