02/03/2011
stage syndical
Dans le but d'être plus actif au niveau syndical, je m'inscris à un stage syndical. C'était, il y a presque un an; j'étais enthousiaste pour l'activité syndicale et je voulais faire cette formation rapidement, pour me permettre d'acquérir plus de compétence. Depuis, le temps a passé, mon enthousiasme est retombé. Néanmoins, une fois que je reçois enfin cette convocation; même si il est trop tard, et après hésitation; je décide de m'y rendre. L'intitulé de la formation est : négociation.
Pour débuter, chacun des participants présent est invité à dire son attente et son vécu. Plusieurs en viennent à dire qu'ils négocient avec leur conjoint ou bien leur enfant adolescent; d'autres constatent qu'ils n'ont jamais négocié à la Poste, même s' ils ont participé à des réunions de concertation avec syndicats et direction. Moi aussi, bien qu'ayant participé à plusieurs réunion ou confrontation, entre syndicat et direction, je n'ai pas eu le sentiment qu'il y ait eu négociation. En effet ou mes demandes sont refusées, ou bien après une promesse de la direction avec signature d'un accord; aucun effet n'en résulte; sauf ce qu'avait prévu la direction.A la lumière de ces témoignages, je me dit que négocier est un acte naturel, tout comme revendiquer ou manifester. On ne peut pas apprendre ce que l'on sait naturellement. Quel sens cela aurait-il d'apprendre le naturel ?
Ce que l'on peu dire du naturel ce sont deux choses : l'expérience, et la norme sociale qui s'y rattache. L'expérience, c'est la singularité du vécu, des ressentis. La norme sociale; c'est la façon concrète dont la négociation s'inscrit dans la société. Une fois qu'on a fait cette énumération, qu'on a décrit ces constats, il n'y a plus grand chose à dire, à penser, à apprendre. Je sais donc que pendant cette formation, je vais entendre parler de témoignages et de la norme sociale qui se rattache à l'activité syndicale, et rien d'autre. Il n'y a pas de concepts vraiment solides et complets qui permettent de s'approprier finiment ce qu'est; dans son essence; et non pas seulement dans son déroulement pratique,la négociation. Mais, bon, je ne viens pas à ce stage pour y apprendre quelque chose. Je ne serai donc pas déçu, tout au plus amusé, agacé, accablé ou indigné.
Les deux mots que j'entends souvent lors du stage; c'est "acteur" et "négocier". Je comprends donc que le métier de syndicaliste est un intermédiaire, entre le métier d'intermittent du spectacle, et celui de commerçant. Pourtant, il n'y a dans la salle, aucun commercial, ni aucun artiste de scène; et ne connais aucun permanent syndical qui ait eu ce parcours professionnel d'artiste ou commerçant. Si véritablement ces métiers étaient proches du métier syndical alors la plupart des syndicaliste commencerait par être vendeur ou comédien; or, ce n'est pas le cas. Alors, pourquoi ce vocabulaire ? Le malaise est là, il n'est pas seulement dans le vocabulaire, mais aussi dans les esprits ; la fréquentation des réunions syndicales, me l'a fait rencontrer à plusieurs reprises.
Il est un mot important dans l'action syndicale; c'est ce qu'on nomme : le collectif. Par là, on signifie, qu'un groupe d'individus, n'est pas seulement une collection hétéroclite d'individus, qui se cotoient dans l'indifférence et qui ont des intérêts, des opinions et des sensibilités différentes. Un collectif c'est un groupe qui partage un même but; capable de désigner des représentants, et porter des revendications.
Cette opération qui donne à un groupe un même objectif est la structuration. Comment structurer un groupe ? Voilà une question bien intéressante quand on veut faire du syndicalisme, plus qu'un passe temps ou une activité accidentelle. Car il ne peut y avoir action syndicale, sans groupe structuré, sans collectif. Le formateur propose cette définition que je trouve insupportable et tout à fait éronnée :" Dans l'action syndicale; il faut préciser les revendications, qui sont nécessaires pour structurer un collectif".
Voilà donc que la formation d'un collectif dépendrait de l'énonciation d'une revendication. Le propre de l'activité syndicale consisterait à poser des revendications. Il suffit donc d'être un peu inspiré, faire jouer son imagination, se laisser aller, ou délirer...et le tour est joué ! Avec un déroulement de l'action en la scène de théâtre(les acteurs) et l'épicerie(négocier). Je suis atérré d'entendre de tels propos. Je ne me demande pas comment il peut être possible que des formateurs qui font ce travail depuis plusieurs années peuvent commettre une faute aussi énorme: j'ai rencontré tant de fois ce discours chez d'autres syndicalistes qu'il ne m'étonne plus : c'est une norme sociale. Le syndicaliste français ne pense pas; ils se contente de ressembler aux autres syndicalistes.Mais je ne peux m'empêcher de dire ma conviction et mon agacement au formateur : "aucune revendication n'a jamais structuré un collectif; et porter une revendication ne définit pas le syndicalisme !".
Il est bien évident, que c'est l'inverse qui se passe : c'est parce que un collectif est structuré qu'il peut porter une revendication. C'est parce que la confiance régne entre les individus d'un groupe, qu'ils vont pouvoir s'exprimer et se mettre d'accord sur une revendication. Une revendication qui respectera chacun, qui motivera tout le monde. Et la revendication ne respectera chacun que parce que chacun dans le groupe respecte les autres. Et ce n'est possible que si un ensemble de valeurs est partagé par le groupe. Je précise donc au formateur que le liens entre les individus qui va permettre la structuration du groupe, c'est l'ensemble des valeurs que tous les individus du groupe partagent; ou tout au moins, d'une large majorité; et qui fait qu'au delà des différences d'opinion, de culture, de sensibilité, de sexe, d'âge et donc d'intérêt ou d'attente; on peut s'exprimer, s'écouter les uns les autres...et arriver à se mettre d'accord sur des revendications !
Sans cette démarche, la revendication, aussi intelligente, subtile, ou adéquate soit-elle, n'est source que de division au sein d'un groupe d'individus. Chacun prettera aux autres, de mauvaises intentions, des calculs sordides, des intérêts contradictoires. Chacun règlera des comptes personnels avec les autres. Beaucoup seront sous le coup de leur douleur, leur peur, leur frustration; et ne pourront de ce fait, être lucide. Le travail syndical est donc de faire émerger, au sein d'un groupe d'individus; la, ou les valeurs, que chaque membre du groupe peut partager. Et ce n'est pas facile; car cette, ou ces valeurs communes, ne sont pas accessible directement. Il est rare de voir un groupe d'individu qui se côtoient par hasard, se célébrer ou communier spontanément. Et s'ils le font, il n'y a pas lieu que ce soit nécessairement pour du syndicalisme. Je corrige donc les formateurs par ma remarque qu'ils ne comprennent pas.
Plus tard pendant le stage, les formateurs disent ce que j'ai déjà entendu malheureusement de nombreuses fois en d'autres occasions, propos qui confirme le fossé(entre moi et les formateurs, mais aussi entre les employés et les syndicats), et qui me scandalise : "il faut, lorsqu'on fait du syndicalisme, et pour se faire comprendre des collègues, répéter inlassablement les valeurs du syndicat" !
Ce n'est pas aux travailleurs à adopter les valeurs du syndicat pour mener une action syndicale; c'est au syndicat d'adopter les valeurs des travailleurs pour créer une action syndicale. Le malheureux état d'esprit du syndicalisme français ne veut pas voir la distinction entre valeur et revendication; ni le prima de la première sur la seconde. Ce syndicalisme français qui en pensant et agissant ainsi, se rend détestable auprès de la majorité des travailleurs. Un syndicalisme qui n'inspire pas confiance, qui agite les esprit au lieu de conforter les individus. Un syndicalisme qui divise au lieu d'unir, qui agite au lieu de calmer, qui agace au lieu d'apaiser, qui agresse au lieu de conforter, qui gène au lieu d'aider, qui isole au lieu de réunir, et qui abandonne au lieu de partager, qui freine au lieu d'avancer, qui effraye au lieu de rassurrer, qui fatigue au lieu de motiver.
Une négociation doit être abordée avec des objectifs; déclare avec conviction le formateur. IL donne alors des conseils pour définir et atteindre ces objectifs. Je suis navré d'entendre de tels propos, mais je ne suis pas étonné, parce qu'il ne fait que répéter le malheureux état d'esprit du syndicalisme français. Pour ma part, avoir un objectif, il me semble bien évident, que c'est exprimer une qualité humaine, qui s'appelle : ambition. L'objectif par le chiffre qu'il impose, enlève du sens, déshumanise, installe la compétition. La compétition, je ne le sais que trop, ne motive que les meilleurs, pas la masse. Ainsi, l'ambition est, pour le syndicaliste français, le moteur principal du syndicaliste ! Pour ma part, il me semble évident que l'ambition est une qualité incompatible avec l'activité syndicale. Ce qu'il faut pour agir syndicalement, ce n'est pas de l'ambition; c'est de la compréhension; donc du sens. Il faut donner du sens à l'action syndicale proposée. Ce qu'il faut pour agir syndicalement, ce n'est pas un objectif qu'il faut définir, c'est un départ et un but.
Cette distinction peut sembler faible et peu significative, elle peut sembler insignifiante en ne portant que sur du vocabulaire; pourtant elle est importante. lorsqu'on a défini un départ et un but, on trouve du sens à ce que l'on fait. Donner du sens à une action, à une démarche, voilà qui est mobilisateur pour un groupe, car c'est compréhensible, humain, rassurrant. Cette distinction s'enracine dans une conception philosophique plus générale. Pour le formateur comme pour les autres syndicalistes , le repère qu'ils utilisent pour faire du syncalisme, est non pas le sens, mais la norme.
Lorsqu'ils sont devant une situation difficile ou nouvelle, il vont se demander qu'elle est la norme sociale sur le point qui les occuppent, et ils vont se situer par rapport à cette norme. Mais la normativité ne permet que d'éviter la solitude en se rattachant en permanence à tel ou tel groupe d'individus. Cette démarche est le reflet d'une peur; celle d'être seul. La recherche permanente de sens qui m'occuppe a une autre source; celle de la peur de la folie. Car la folie est ce qui est insensé. En donnant du sens à chacune de mes actions, je m'assurre d'éviter la folie. Je m'assurre d'inspirer confiance chez mes collègues; confiance en moi, mais aussi en eux-même. Donner du sens, c'est pour chacun, améliorer l'estime de soi, et respecter plus facilement les autres. La peur de la solitude qui amène a rechercher la norme, amène trop facilement à la grégarité, à l'hallucination collective, à la folie collective. La norme est un repère intéressant qu'il faut manipuler avec prudence, ce que ne font pas les syndicats et les dirigeants de la poste qui; les uns comme les autres se réfèrent aux normes du groupe duquel ils se sentent solidaires. Ce mauvais marxisme n'est pas inéluctable; pour en sortir, il faut donner du sens.
Le but d'une action syndicale, bien souvent, est d'être reconnu. D'être reconnu comme un être humain, avec ses fragilités et ses limites, et pas seulement comme un pion, un rouage dans une machine, un objet utile et méprisé par la direction. Mais pour donner du sens, il ne suffit pas d'avoir un but, il faut aussi définir un point de départ. L'expérience m'a enseigné que la difficulté était là bien souvent : arriver à déterminer quel est le point de départ d'une action syndicale. Ce point de départ ne se découvre pas de lui-même, il ne se proclame pas, et souvent on ne le voit pas. Mais si il y a un effort à porter, c'est bien sur celui de l'origine d'une action syndicale, c'est là qu'il y a un travail d'information, de compréhension, de remise en question; et ce n'est surement pas en agressant les collègues avec les valeurs du syndicat qu'on peut y arriver. Je dirais donc à l'inverse du formateur, pour agir syndicalement, ce qu'il faut absolument : c'est un point de départ. Et ce point n'est pas donné comme il semble le croire, il faut travailler pour l'avoir. C'est un travail qui n'est pas compris et qui n'est pas fait par les syndicats.
Pour structurer le travail des facteurs, la Poste utilise une méthode. J'en parle un peu au formateur; il connaît bien la Poste. La méthode de réorganisation de la Poste est fondée sur l'organisation scientifique du travail. L'organisation scientifique du travail, est une méthode inventée par Willems frédérik Taylor, un ingénieur américain de la fin du dix neuvième siècle et du début du vingtième. C'est un type d'organisation rigide qui désigne à chacun par le menu détail, les tâches qu'il doit accomplir et le temps dont il dispose pour les accomplir. Ce système met effectivement l'individu sous un régime de paiement qu'on appelle :"à la tâche'', même si légalement on est payé de l'heure.
Donc des individus de la direction viennent de temps à autre faire des "comptages", c'est à dire, qu'il comptent sur les quartiers, le nombre de lettres distribuées par chaque facteur, le nombre de boîtes aux lettres, les distances parcourues par le facteurs. Puis par un logiciel, ils en déduisent le temps de tournée. Cette méthode ne permet pas d'évaluer précisemment la quantité de travail. En effet, elle ne tient pas compte de la pente des trottoirs, de leur largeurs, de leur revêtements, de leur encombrement, de l'état des bôites aux lettres; n'est pas compté le temps perdu lorsqu'il neige ou qu'il fait du verglas, lorsque le courrier nous arrive en retard du centre de tri, le temps perdu lorsqu'on nous donne les recommandés en retard n'est pas compté, le temps consacré aux réunion non plus, si il y des travaux sur notre tournée, ce n'est pas compté non plus, etc... La direction ne l'applique pas de façon rigoureuse, car il faudrait plusieurs personnes différentes, qui viennent à des jours différents pour faire ces comptages. En effet les individus qui font ce comptage ne sont pas toujours sérieux, et la quantitié de courrier varie beaucoup d'un jours à l'autre; de ce fait la direction ne cerne pas avec précision la quantité réelle de travail que produit le facteur. Cette méthode n'est pas lisible, une fois le comptage fait; on ne peut pas la contester, on se retrouve avec le nombre de rue que la direction a décidé. Cette méthode que la direction présente comme sûr, fiable, précise, incontestable et que les syndicats cautionnent, n'est rien de tout ça dans la réalité.
Lorsqu'on est titulaire d'un quartier, après une réorganisation, on se retrouve, lorsqu'on est facteur, avec une quantité de travail en moins ou en plus, sans qu'on puisse opposer une quelconque réclamation, puisque lorsqu'on s'adresse à un syndicat quelconque, ils répondent qu'ils n'ont pas le temps de refaire un comptage contradictoire avec un agent de la direction. Lorsqu'on a trop de travail, et qu'on réclame aux syndicats le paiement des heures supplémentaires, ceux-ci refusent de faire quoi que ce soit, puis la méthode est "scientifique" pour eux; et la direction nous répond qu'on travaille trop lentement, puisque la méthode d'organisation est infaillible. Ce système injuste n'est même pas cohérent, puisque personne n'a été selectionné et titularisé pour travailler à une vitesse standard, que la direction est d'ailleurs, incapable d'évaluer avec précision. Ainsi dans le bureau où je travaille, on est tous sensé finir notre travail à 13 heures; de fait pendant que certains finissent à 11 heures, d'autres finissent à 15 heures.
Le paiement à la tâche est interdite dans la plupart des entreprises en France et dans le monde. Elle ne se pratique que dans le travail à la chaîne, dans les pays sous-développés et à la Poste. L'organisation scientifique du travail est peu efficace économiquement sauf dans le travail à la chaîne. Ce qu'elle produit surtout, c'est de l'autorité pour les dirigeants qui l'utilisent. Pour les employés qui la subissent, c'est dur psychologiquement et physiquement, elle produit absentéisme, maladie, démobilisation et grèves. Au niveau de la production, l'organisation scientifique du travail produit, surtout si elle n'est pas appliqué rigoureusement(ce qui est le cas à Laposte) une faible qualité de service, et la perte de confiance de ses employés et de ses clients.
Brièvement, je demande au formateur pourquoi les syndicats s'obstinent à défendre cette méthode de travail, alors qu'il est possible de faire autrement. On peut découper des tournées en ayant pour résultat que chaque titulaire de tournée, ait le temps de faire sa tournée pendant le temps légal de travail. Ainsi on crée un droit opposable au découpage arbitraire de la direction. Car il est important que chaque facteur puisse travailler à la vitesse qui lui est propre. Aucune formation n'est dispensé dans l'entreprise pour améliorer la vitesse de travail, aucune évaluation de la vitesse de travail du facteur n'est faite par la direction, aucun reclassement ou reconversion n'est proposé à un facteur qui pourrait être identifié comme lent. Pour ma part, je dépasse mon temps de travail d'une centaine d'heure par an, ce nombre est en augmentation; c'est un travail qui n'est pas rémunéré ou compensé par des congés. Si je vais me plaindre à n'importe quel syndicat, il me répondra qu'il ne peut rien faire; si je vais voir la direction, elle me répond que je ne travaille pas assez vite. Il en est de même pour de nombreux collègues dans mon cas. Or personne dans cette entreprise n'a été formé pour travailler à une vitesse que nos directeurs sont incapables de mesurer avec précision. Le discours de la direction est donc un discours creux, humiliant et décourageant pour le facteur, pas efficace économiquement.
J'aime à penser comme certain philosophe sur la définition de l'individu, que un individu tient dans le degré d'harmonie entre son corps et son esprit. Lorsque je n'arrive pas à faire mon travail dans les temps, je m'entends dire par la direction que je suis trop lent, ainsi ai-je le choix : ou bien je dépasse mon temps de travail et je me malmène mon esprit en me disant que je suis trop lent, et donc que je ne suis pas un bon facteur; ou bien je travail plus vite, et je malmène mon corps, qui répond par des tendinites et de la douleur. Dans les deux cas, l'harmonie entre mon corps et mon esprit n'est plus. C'est une démarche destructurant pour l'individu.
Le formateur me répond en disant que je suis trop technique. Par là, il veut dire que ce qu'il faut réclamer, d'un point de vu syndicale, c'est des emplois. Or réclamer des emplois, c'est faire de la politique industrielle, pas du syndicalisme. Pour le formateur, comme pour les autres permanents syndicaux, faire du syndicalisme, c'est d'abord empêcher l'entreprise de faire des profits, d'être compétitive. Et s'il faut sacrifier les facteurs pour ça, ils n'hésitent pas à le faire. Ils le font si bien que lorsque Laposte doit fermer un bureau surnuméraire, ils s'opposent fermement à ce que les facteurs ne touchent aucune indemnité, pour déménager, pour se former à un autre métier, ou pour quitter l'entreprise. En effet, ce serait pour les syndicats, aider l'entreprise à gagner de l'argent. Ils poussent donc les facteurs à faire grève; et le résultat c'est que : après de longues grèves, les employés ne reçoivent aucune indémnité, doivent changer de bureau, et parfois changer de qualification sans formation. Ils se sentent trahis par les syndicats, et ne leur font pas confiance; deviennent aigris, déprimés, et abusent lorsqu'ils le peuvent de congés maladie.
Comme Diogène, qui, au milieu même de la cité cherchait un homme, je peux dire que moi, au milieu même d'un syndicat, je cherche un syndicaliste. De cette situation, bien qu'elle soit calamiteuse, je ne me limiterai pas à m'en désoler. En effet, lorsque je suis au travail et que je vais voir mes collègues pour leur parler de syndicalisme, ils m'écoutent; et c'est bien normal, puisque je suis le seul à faire du syndicaliste dans ce bureau. C'est si vrai que les syndicats qui envoyaient régulièrement des permanents syndicaux faire de longs discours publics et enflammés devant mes collègues facteurs, pour les mettre en grève; ne passent plus que rarement et discrètement, pour sérrer furtivement quelques mains.
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23/10/2010
retraites : ma grève
12 Octobre 14 heure, je me dirige vers la place Denfert-Rochereau d'où doit partir la manifestation contre le projet gouvrnemental des retraites. Je croise avant d'y arriver un stand du parti socialiste, puis celle du NPA(ou NPTA, je ne me souviens plus très bien). J'ai honte de trouver côte à côte, des partis politiques avec des syndicats. La France, dont de nombreux ressortissants, se gaussent d'avoir connu tôt; ce que beaucoup d'autres pays ne connaissent pas encore actuellement : la séparation de l'église et de l'état; n'a pas fait ce que de nombreux pays ont fait depuis longtemps : la séparation des syndicats et des partis politiques. Hier, alors que j'étais en réunion avec des adhérants CFDT, j'ai pris la parole pour dire la dérive politique d'une telle grève. On peut bien sûr demander pour des raisons syndicales, les meilleurs conditions pour les retraités, mais le budget qui permet de le mettre en oeuvre, est l'affaire de tous les français, donc des politiciens, pas des syndicats. Mon discours qui dénonce cette dérive est mal reçu par les collègues CFDT, plus particulièrement par les permanents syndicaux; et ce n'est pas le premier du genre que je tiens. Les uns répondent que le syndicat ne fait pas de politique, sans apporter aucun argument, les autres répondent qu'il est normal que le syndicat fasse de la politique, sans non plus apporter le moindre argument. Leur conviction leur semble si évidente, que mon propos les agace sans toutefois les déranger; et ils ne se rendent même pas compte qu'ils avancent des convictions sans argumenter. En fait, il ne me répondent pas, et ne s'en rendent pas compte.
Comme il n'y a aucun syndicat qui fasse une vraie proposition syndicale pour les retraites, puisqu'ils se complaisent dans une relation incestueuse à la politique : moi j'en fait une. Il faut dire oui à la retraite à 67 ans, car c'est un problème de budget ! Mais en ne disant que cela, je n'ai pas constitué une proposition syndicale. Chacun sait que le problème c'est le nombre insuffisant de cotisants. Il est insuffisant aujourd'hui, et on peut penser qu'il sera encore plus insuffisant demain, du fait de l'évolution démografique. Mais l'évolution démographique ne conditionne pas directement la pénurie de cotisant. Il y a l'augmentation de l'espérance de vie qui est le paramètre probablement le plus important, aussi l'augmentation de l'âge de la retraite semble inévitable. Mais juqu'à quel point et à quelle vitesse ? Si on créait des emplois en France, on augmenterait le nombre de cotisants, et on pourrait ne pas augmenter aussi vite l'âge de la retraire. Mettons que la retraite se prenne à 67 ans en 2030 si aucun emploi n'est crée. Il faut négocier un accord dans lequel, cette retraite ne serait que 66 ans, si on crée un nombre d'emploi suffisant pour créer assez de cotisations, peut-être un ou deux millions. De même, l'âge pourrait être ramené à 65 ans, si on crée un ou deux millions d'emplois supplémentaires, et ainsi de suite. Cette propostion ne fait pas rêver, mais elle a le mérite de concilier un impératif comptable(assez de cotisants) avec un besoin syndical(obtenir de bonnes retraites). Surtout elle est structurante pour la société. En effet, elle indique le chemin à prendre pour avoir de bonnes retraites. Elle somme chacun; parti politique, syndicats, électeurs et travailleurs, de prendre les initiatives, les responsabilités qui conviennent pour créer des emplois. Et ainsi, outre qu'elle donne l'espoir d'une retraite suffisante, elle motive chacun pour s'atteler à créer des emplois. Et si il n'y a pas d'argent pour les retraites en 2030, ça devient la responsabilité de tout le monde, puisque personne n'aura su crée les emplois nécessaires. Car l'emploi, c'est l'affaire de tous. C'est l'affaire des hommes politiques, qui prennent les décisions les plus importantes, c'est l'affaires des syndicats qui créent les conditions d'une paix sociale, c'est l'affaire des électeurs et des travailleurs qui élisent les uns, adhérent aux autres, et agissent au quotidien.
Le syndicalisme ainsi pensé, peut sembler mesquin; mais il est structurant. Il structure la société civile autour d'un projet : créer des emplois pour financer les retraites. Le syndicalisme de ce type génère ainsi de l'autorité, en assigant à chacun une tâche et un devoir. C'est une autorité morale bien sûr. Et l'autorité morale est la plus haute des autorités, elle commande les autres. Il est faux de croire que l'autorité dans la société serait le monopole des partis politiques(plutôt de droite), ou des administrations, police et la justice(plutôt de gauche). La valeur première dans notre société, c'est le travail. Lorsqu'on parle de quelqu'un en se demandant ce qu'il est ou bien ce qu'il fait, on désigne l'emploi qu'il occuppe, le travail qu'il fait, les responsabilités sociales ( presque toujours professionnelles) qu'il a. Le travail est la valeur première de notre société, ce n'est ni l'argent ni la jeunesse, la beauté, l'intélligence, les diplômes, la culture, la nationalité, comme certains le croient. Ainsi les syndicats qui régulent les problèmes des hommes au travail, doivent-ils être prescripteur de valeur pour la société toute entière. Ce n'est pas le cas aujourd'hui. Le syndicalisme en France actuellement se confine dans une position agitatrice et destructurante. Il se complet dans l'anarchie et l'irresponsabilité. Le syndicalisme ne cherche pas à participer à l'autorité dont toute société humaine a besoin, mais elle la combat. Le syndicalisme français trouve même sa justification dans l'opposition à l'autorité politique. Il en résulte un pays qui doute, pessimiste et agressif. Il en résulte un taux de syndicalisation parmi les plus faible du monde développé.
Je crois que tout pays dont les partis politiques, les syndicats et la population veulent créer des emplois y arrivent. Je crois donc qu'il y a une solution pour les retraites. On peut en même temps corriger des inégalités. La plus évidente dans l'excés semblent les retraites spécifiques dont les métiers n'amènent même pas à mourrir plus jeunes, mais aussi les surretraites pour les fonctionnaires dans les DOM-TOM. La plus évidente dans le défaut c'est le temps partiel.
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27/09/2010
L'avenir de Molière
Il y a, je crois, une relation entre simplicité d'écriture d'une langue et politique. Les Grécs, qui ont les premiers, inventé la démocratie, ont été les premiers auparavant, à inventer, un alphabet si simple, qu'il permetait pour la première fois, à des amateurs(marchant, aristocrates, artisans), alors que jusque là, seul quelques professionnels(scribes), pouvait consacrer assez de temps et d'effort pour maitriser les difficultés de l'écriture. De nos jours, les deux pays pourvu d'écriture idéographiques, écritures bien plus difficiles à maîtriser que les écritures alphabétiques, la Chine et le Japon, ont un rapport particulier à la politique. Bien que s'étant l'un et l'autre beaucoup développé économiquement, l'un n'est pas une démocratie, l'autre n'a pas connu d'alternance depuis plus de cinquante ans.
Régulièrement sur les médias; on entend des individus cultivés glorifier la langue française pour son aboutissement, sa supposée clareté, son hypothétique supériorité. Certains proposent des mots authentiquement français pour éviter l'emploi de mots étranger. Et chacun d'entre eux d'expliquer l'intérêt de conserver à la langue française, son lustre, son originalité, sa différence. Tout emploi de mot étranger, toute simplification de l'orthographe ou de la grammaire, devenant, disent ils, une atteinte à la beauté et la richesse de notre langue. La langue devient un repère national identitaire, semblant appartenir à l'état par l'intermédiaire de l'académie française, aux lettrés, à une catégorie d'individus qui utilise la langue française avec virtuosité. La langue française ne semble appartenir ni aux Suisses, ni aux Belges, ni aux Québécois, ni à un quelquonque pays d'Afrique. La langue française ne semble pas,non plus, appartenir à ceux qui l'utilise au quotidien, c'est à dire la masse d'individus qui s'en fiche pas mal de connaitre telle où telle exception de grammaire ou d'orthographe, et qui utilise sa langue maternelle pour vivre sa vie. Pour cette majorité d'individus qui ne se sentent pas supérieurs dans l'utilisation de la langue française, comment vit-elle sa langue et ses difficultés ? Doit-elle subir l'appropriation de cette langue par une élite intellectuelle ?
Dans la langue française, on retrouve, comme dans la culture française, ce goût pour l'élitisme. Que vaudrait la langue française, si seulement une élite la parlait ? Une langue difficile à écrire, dont seuls les meilleurs peuvent se vanter de bien maitriser. Le passé glorifié au dépend du présent et encore plus, de l'avenir. Ce sont des académiciens qui définissent les règles d'orthographe et de grammaires, qui les compliquent à l'envie depuis trois sciècles, et peuvent ainsi permettre à une minorité d'individus qui ont le temps, l'envie, les qualités intellectuelles, pour maitriser les nombreuses difficultés. Une peur pessimiste et agressive étreint ces personnes soucieuses de protéger la langue française; comme on protègerait un objet fragile et menacé. Ainsi, un partie des français est attachée à ces règles idiotes et surrannées de grammaire et d'orthographe, qu'ils maitrisent mal, mais qui permettent de dégager une élite. Et les français ont besoin d'une élite. Sur l'élite, il y a quelque chose de plus, une espèce de force divine qui émerveille les français. Le français ont-ils encore besoin de s'esbaudir ainsi de leur élite ?
On pense dans une langue. On ne peut faire autrement que de penser dans une langue familière. Une langue porte une culture et une mentalité. Le langage sans qu'on y prête attention, formate la pensée. En banissant les mots étrangers dans le vocabulaire français, il devient difficile de ne pas banir les étrangers de sa pensée, mais aussi de la société. Or la politique commence en donnant à chacun une place; chacun attend une reconnaissance d'autrui. Si on ne donne pas une place à quelqu'un, ou à un groupe d'individu, on crée les conditions psychologiques de l'agressivité, de la haine, de la violence. Comment dans ces conditions, peut-on penser sereinement l'Europe, la globalisation, le progrés scientifique, l'avenir; si on ne se donne pas les mots pour le faire ? Pour penser l'évolution, il faut faire évoluer la pensée. Et pour commencer à faire évoluer la pensée, il faut faire évoluer le vocabulaire. L'évolution du vocabulaire doit accompagner l'évolution de la situation politique, elle peut même la devancer. En cherchant à empêcher la langue française d'évoluer, on crée des difficultés à penser l'évolution de la France, l'évolution de la communauté d'individu auquel on appartient, et donc de soit-même. Bloquer l'évolution d'une langue, c'est se condamner au pessimisme et à la peur. Comment peut-on faciliter l'apprentissage des langues étrangères à nos enfants, et donc les préparer à leur avenir, si on ne simplifie pas notre langue ? Comment peut-on éprouver confiance face à l'avenir, si déjà on cautionne les individus qui cherchent à empêcher la langue française d'évoluer ? Comment peut-on vouloir que plus de jeunes, en particulier ceux qui viennent de catégories socialement défavorisées, réussissent leurs études en conservants toutes les complications inutiles que contient la langue française actuellement ?
Il faut un critère simple d'évaluation de la bonne façon d'écrire la langue française. Le critère qui peut réconcilier les français avec leur langue et avec eux-même en tant que communauté, c'est le critère démocratique. La langue française, n'appartient ni aux académiciens, ni à une poignet d'écrivains, et d'intellectuels aussi brillants soient-ils. Si une majorité de français prononce ou écrit un mot d'une certaine façon, alors c'est la bonne façon, et il faut en faire une norme et l'enseigner dans les écoles. S'il n'y a pas de majorité, alors il faut simplifier; pour que l'écriture et la grammaire ne consacre pas le reigne des exeptions. Depuis cent trente ans que l'enseignement est obligatoire en France, on ne peut plus dire que les français ne connaissent pas la langue française, ni que les enseignants ont échoué à l'enseigner. La langue française appartient aux français; à tous les français.
En simplifiant les règles d'orthographe et de grammaire de la langue française, on améliore l'égalité des chances face à la réussite scolaire des plus démunis. Ce devrait donc être une loi soutenue par la gauche. Mais la gauche qui n'en est pas à une contradiction prés ne la soutiens pas.
Si je trouvais un parti qui me convient, je trouverais cette réforme dans son programme.
19:09 Publié dans politique | Lien permanent | Commentaires (0)